Le dépistage en masse que le Maroc vient d’initier connaît quelques couacs. Les techniciens de laboratoire chargés d’effectuer les analyses en parlent, aujourd’hui, ouvertement. D’après le quotidien Assabah qui rapporte l’information dans son édition du jeudi 7 mai, les techniciens qui travaillent dans les 11 laboratoires publics habilités à effectuer les tests relatifs au Covid-19, à travers le Royaume, parlent même d’une certaine «anarchie» dans l’opération.
L'une des grandes difficultés que rencontrent ces techniciens, qui travaillent sous pression, est celle des prélèvements inexploitables. Ces prélèvements, effectués au niveau des services de prise en charge des malades Covid-19 au sein des centres hospitaliers, ne respectent pas le protocole d’usage, affirment les techniciens des laboratoires d’analyses cités par le quotidien. Du coup, souligne Assabah, ils se retrouvent avec un matériel défaillant sur lequel il est quasiment impossible d’effectuer les tests.
Une technicienne travaillant au laboratoire du CHU de Marrakech affirme qu'il arrive à son équipe de recevoir, de la part des hôpitaux provinciaux de la région, des prélèvements dans des contenants ouverts, alors que le protocole en vigueur veut que ces prélèvements soient mis dans des tubes hermétiquement fermés, placés dans des boîtes et transportés par un convoi spécial jusqu’au laboratoire du CHU. Nul besoin de souligner, note cette technicienne, le risque que représente un tube non soigneusement fermé et contenant un prélèvement effectué sur une personne susceptible d’avoir contracté le virus.
Autre problème auquel font face les techniciens: les prélèvements «anonymes». En effet, le personnel médical chargé de prendre ces prélèvements omet souvent d’inscrire le nom du malade et un code spécifique sur le tube. Dans ce cas, impossible d’effectuer le test, le technicien étant amené au préalable à remplir une fiche détaillée de chaque prélèvement. A défaut de ces informations de base, il ne peut mener correctement cette opération. Parfois, poursuit le quotidien, c’est l’opération de l’écouvillonnage qui n’est pas bien faite. Or, si la tige n’est pas correctement insérée dans la narine du malade, le prélèvement est «incomplet».
Cela dit, note le quotidien qui cite ces laborantins des CHU, après quelques petites difficultés de départ, la machine semble aujourd’hui rodée. Les analyses se font plus rapidement et dans le respect du protocole imposé. Les laboratoires nationaux peuvent ainsi réaliser plus de 3.000 tests par jour. En 66 jours, ils ont déjà réalisé plus de 45.000 tests. Et, pour mener l’opération dans les normes, le Maroc compte un effectif de 1.230 techniciens de laboratoire.