La conserverie de poissons de Larache, qui emploie environ 5.000 salariés, serait le plus grand foyer du nouveau coronavirus au Maroc. Ce foyer de contamination n’a pourtant été découvert qu’après le décès d’une travailleuse par le Covid-19. Après ce drame, 48 autres salariés ont été testés positifs, ce qui a semé la panique parmi les autres salariés et leurs proches, ainsi qu’à l’échelle de toute la province, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition de ce jeudi 23 avril. Aujourd’hui, tous les autres salariés montent au créneau pour demander le dépistage et, si nécessaire, le traitement médical approprié, sans attendre l’apparition des symptômes du coronavirus puisqu'il y a des porteurs asymptomatiques. D'ailleurs, les salariés dénoncent, selon les sources du quotidien, la cadence dont se déroulent les tests, au nombre d'environ 150 par jour alors que l’effectif de l’entreprise s’élève à environ 5.000 personnes, sans compter l'entourage familial.
Pis encore, affirment les sources du quotidien, des travailleuses de la conserverie présentant des symptômes (fièvre et fatigue, difficultés respiratoires et douleurs musculaires) n’ont obtenu aucune réponse à leurs multiples demandes d’évacuation vers les urgences. Cette situation a également été critiquée par les élus de la ville, qui pointent du doigt le laxisme des autorités locales. Comment ces autorités, s’interrogent ces élus, ont-elles permis à cette conserverie de poursuivre ses activités sans prendre en compte les mesures de sécurité sanitaire nécessaires pour protéger les salariés, aussi bien à l’intérieur qu'à l'extérieur de l’usine? En effet, fait remarquer le quotidien, les responsables de la conserverie ne respecteraient pas les mesures de précaution et de prévention sur le lieu du travail. Ce qui a d’ailleurs été révélé lors du décès, il y a quelques jours, de l’ouvrière qui s’est effondrée dans l’usine à cause de la fatigue, de la fièvre aiguë et des difficultés respiratoires.
Le wali de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, Mohamed Mhaidia, s’est alors rendu sur les lieux, en compagnie du commandant régional de la protection civile et d’autres responsables régionaux et provinciaux, pour suspendre l’activité de la conserverie tout en assurant le salaire du mois d’avril à l’ensemble des salariés. Une source au sein de la conserverie précise, toutefois, que l’entreprise ne pourra verser les salaires des mois de mai et juin à ses employés. Ce qui soulèvera un autre problème social puisque ces salariés ne pourront bénéficier des indemnités versées par la CNSS aux entreprises impactées par la crise, la conserverie de Larache n’étant pas concernée par cette loi. La seule solution, poursuit le quotidien, serait que le Comité de veille économique intervienne pour ajouter cette usine sur la liste des entreprises bénéficiaires de l’aide de l’Etat. De son côté, la délégation régionale de la santé affirme que la situation reste maîtrisée, précisant que les 48 cas recensés sont sous contrôle sanitaire, suivant les recommandations du ministère de la Santé.
Il faut dire que la détection de ces nouveaux foyers de contamination soulève moult questions sur le contrôle mené par les autorités compétentes pour le respect des nouvelles règles sanitaires et des mesures de précaution et de prévention sur les lieux de travail.