Deux mois après le début du confinement, la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a publié le bilan des personnes ayant été infectées par le coronavirus aussi bien au sein des fonctionnaires que chez les détenus. Un bilan qui semble avoir suscité l’ire de la direction qui a diligenté une enquête judiciaire interne pour déterminer les responsabilités des uns et des autres.
Il faut rappeler que toutes les mesures préventives ont été prises pour circoncire la pandémie dans les prisons dès l’apparition du premier cas testé positif. Malgré toutes ces précautions, la DGAPR a, depuis le 14 avril et jusqu’à ce jour, enregistré 340 détenus testés positifs dont 94% étaient recensés dans les seules prisons de Ouarzazate et de Tanger 1.
Parmi les détenus contaminés, 99 sont toujours soumis à un traitement, 13 ont été guéris et ont été libérés pour avoir purgé leur peine ou bénéficié de la liberté provisoire. Les tests de dépistage de 5 détenus, ajoute la même source, se sont avérés négatifs. Parmi eux, trois détenus dans les prisons de Beni Mellal et de Tétouan ont bénéficié de la liberté provisoire et deux sont toujours incarcérés dans les prisons locales de Bourkaiz et Ras El Ma.
Toujours selon les chiffres publiés par la DGAPR, 110 fonctionnaires ont été contaminés par le coronavirus dans 14 établissements pénitentiaires, dont 73 ont été guéris et 36 sont toujours sous traitement. Par ailleurs, deux détenus et un fonctionnaire sont décédés des suites du Covid-19 respectivement dans les prisons de Tanger et de Ouarzazate.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du vendredi 29 mai, que la propagation du Covid-19 a commencé à la fin de la période de travail de la première équipe de fonctionnaires qui sont restés confinés dans la prison de Ksar El Kébir pendant quinze jours. Après dépistage, il s’est avéré que trois femmes fonctionnaires qui présentaient certains symptômes avaient été testées positives. Du coup, la direction a décidé de procéder au dépistage de quatre détenues incarcérées dans le pavillon des femmes ainsi que l’équipe des fonctionnaires et les employés d’un fournisseur en produits alimentaires. Les résultats ont tous été négatifs à l’exception d’un chauffeur et d’une détenue qui ont été contaminés et transférés à l’hôpital pour subir le traitement nécessaire. Pourtant, dès l’apparition de la pandémie, la DGAPR a mobilisé tous ses services et pris d’urgence plusieurs mesures préventives en coordination avec les autorités locales.
La direction a ainsi procédé à la désinfection totale de tous les établissements pénitentiaires en faisant appel à une société spécialisée tout en distribuant des masques aux fonctionnaires, aux employés et aux détenus. Quand des foyers de contamination ont été détectés dans d’autres établissements pénitentiaires, la DGAPR a fourni aux fonctionnaires de la prison de Ksar El Kébir des vêtements de protection spéciaux. Mais toutes ces précautions n’ont pas suffi pour éviter la propagation du coronavirus dans les prisons, d’où le recours de la direction à une enquête judiciaire pour déterminer les responsabilités des uns et des autres.