Décidément, Daech recrute partout. «Jusqu’à présent, quatre fonctionnaires marocains au moins ont rejoint les rangs de cette organisation en Irak et en Syrie», rapporte le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum dans sa livraison du mardi 4 août. Jusqu’ici, c’était plutôt des jeunes, sans expérience professionnelle, sans ressources financières et vivant dans des conditions précaires qui finissaient par se diriger vers les camps d’entraînement de Daech. Cependant, le profilage des nouvelles recrues de cette organisation démontre que même ceux qui disposent de revenus financiers réguliers ou exercent des activités génératrices de revenus sont nombreux à être attirés par l’organisation.
Mourad Derdari fait partie de cette catégorie de recrues, rapporte le quotidien. «Enseignant dans un collège dans la région de Tétouan, sa situation financière était plutôt stable», précise au journal Mohamed Benissa, président de l’observatoire des droits de l’Homme pour la région du Nord. Mourad voyait grand et voulait gravir les échelons. Il s’est alors inscrit pour des études de Master en Science et Vie de la terre à l’Université Abdelmalek Essaadi. Il est même devenu coordinateur de l’ensemble des étudiants de cette branche. Mais, «après l’obtention de son diplôme, il a rejoint, la semaine dernière, les rangs de Daech», rapporte Akhbar Al Yaoum. «Personne ne pensait qu’il pourrait un jour faire partie d’une telle organisation», confie pour sa part Benissa.
Mourad n’est pas un cas isolé. «M.R.A était fonctionnaire au tribunal de première instance de Tétouan. Une source proche de ce fonctionnaire affirme que même s’il était relativement aisé financièrement, il faisait l’objet d’énormes pressions psychologiques», souligne le quotidien. En mars dernier, ce fonctionnaire a fini par tout abandonner pour partir en Syrie. Aujourd’hui, des rumeurs circulent autour de sa mort, sans toutefois que le quotidien puisse les confirmer.Autre exemple, celui d’un salarié de la Poste, à Tanger, qui a décidé, en juillet dernier, de tout changer dans sa vie en rejoignant l’organisation en Syrie. Pour brouiller les pistes, il s’est d’abord rendu en Turquie à travers une agence de voyages. Il n’a pas hésité à mettre le paquet en optant pour un voyage organisé, incluant des billets «aller et retour». A ce jour, il n’est pas encore retourné au pays.
Akhbar Al Yaoum évoque également le cas d’un fonctionnaire, infirmier de formation, qui exerçait au sein du ministère de la Santé, à M’diq. «C’est le premier à être parti. C’est également lui qui a encouragé les autres à quitter le Maroc pour rejoindre Daech, ce qui a été une surprise pour les autorités. Car personne ne s’attendait à voir un fonctionnaire de l’Etat quitter le Maroc pour rallier ces groupes armés», précise Benissa.
Pour le quotidien, il apparaît clairement que le passage des frontières en direction de Daech se révèle plus facile pour les fonctionnaires de l’Etat. Selon un responsable sécuritaire de l’aéroport Mohamed V, cité par Akhbar Al Yaoum, «ces fonctionnaires optent souvent pour les voyages en groupes, à travers des agences spécialisées, sous prétexte de congés annuels». Un suivi plus personnalisé et un contrôle plus pointu s’imposent.