Ce dimanche 24 mars, à partir de 13 heures 30, les commerçants du souk Weld Mmina de Hay Hassani, à Casablanca, ont vécu l’enfer. La façade principale donnant sur le Boulevard Ibn Sina, avec tout ce qu’elle compte en boutiques de brocantes, est littéralement partie en fumée. Au total, plus d’une vingtaine de magasins, entre 2 et 4 milliards de centimes, selon les premières estimations, seraient emportées par les flammes.
Selon un témoin qui a requis l'anonymat, les sapeurs-pompiers, qui ne sont arrivés que deux heures après le déclenchement de l’incendie, n’ont pu maîtriser complètement les flammes que dans la soirée.
Le feu s'est déclenché à la faveur d’un concours de circonstances inédit et les flammes se sont, toujours selon cette source, propagées à la vitesse de l’éclair.
Tout est parti d’un banal tas d’ordures que voulait brûler un balayeur. Sauf que dans cet environnement, essentiellement fait de bois, et où sont stockés des produits autant inflammables les uns que les autres, son initiative relevait plutôt de l’inconscience. La suite des évènements l'a d'ailleurs confirmé.
En effet, le téméraire agent de nettoyage, selon notre source, ne s’était pas rendu compte qu’il allumait son feu près d’un menuisier, qui venait de finir de vernir des portes en bois et avait à sa portée du diluant, deux produit extrêmement inflammables. Près du menuisier, qui plus est, un groupe électrogène, alimenté au gasoil, fournit de l’électricité à plusieurs magasins, ronronnait depuis le début de la journée.
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En moins d’une minute, ce cocktail détonnant s’est embrasé. En un clin d’œil, les seaux de vernis, selon ce témoin, ont pris feu. Des flammes de plusieurs mètres ont empêché les personnes présentes d'intervenir pour sauver les meubles. Littéralement.
Cette remontée du feu, propulsée dans tous les sens, a rapidement atteint le groupe électrogène, qui n'a pas manqué d’exploser dans un bruit assourdissant, tout en produisant étincelles et éclairs.
Le vent, particulièrement fort au moment où est survenu cet accident, est également pour beaucoup dans la propagation du feu.
Un grand nombre de personnes, effrayées par l’explosion, ont alors quitté le périmètre. La suite des évènements s'est vite enchaînée.Les flammes ont ravagé les magasins les plus proches, d’abord ceux des menuisiers et des brocanteurs.
Un marchand ambulant de sardines frites, qui n'a pu qu'abandonner sa carriole, a vu la bonbonne de gaz qu’il utilise pour ses grillades exploser dans un bruit assourdissant.
En l’espace de quelques minutes, 19 magasins se trouvant sur la façade du souk ont pris feu dans un effarant effet domino.
Les produits hautement inflammables emmagasinés, huiles, diluants, peintures, vernis, éponges et bois, ont continué d’alimenter les flammes, et ce, jusque tard dans la soirée.
De tous les marchands ayant abandonné rapidement leurs magasins, deux personnes essaient encore de sauver ce qu’ils peuvent. L’une finira avec des brûlures au visage, l’autre a directement été transportée au service de réanimation, selon un marchand qui se trouvait encore sur les lieux vers 21h.
Abdelghani F., brocanteur ayant réussi à sauver une partie de ses biens, nous révèle, dépité «s’il y a des personnes à remercier, c’est d’abord les jeunes du quartier et les gardiens, les chineurs se sont fait remplacer très rapidement par les chipeurs, à la recherche de coffres-forts, de sacs de sucre et de farines, d'antiquités et de bijoux».
Au total, selon les estimations de plusieurs commerçants cumulées, les dégâts dépassent facilement 20 millions de dirhams, et, qui plus est, aucun des magasins n'a souscrit à une police d'assurance.
Ce n'est pas tout: les flammes ayant largement fissuré les murs, les poutres et les arcs de la devanture du souk Weld Mina, les marchands, qui viennent de voir leur patrimoine parti en fumée, risquent, à présent, de voir leur magasin tomber en ruine.