Il y a presqu’un an, Casablanca célébrait le retour de «la Casablancaise», un complexe sportif et culturel inauguré dans les années 1930 et qui a vu naitre tant de champions. Cet espace historique abrite une piste d’athlétisme, en plus d’une salle de théâtre dédiée à la mémoire du plus grand homme de théâtre marocain: Abdessamad Kenfaoui.
Depuis les années 1970-80, quand Casablanca a commencé à raser sa mémoire (démolition du théâtre municipal, de l’aquarium, des arènes, etc.), la Casablancaise a suivi une lente décrépitude. Des grands champions y sont nés, comme Nawal Moutawakil, que l’on ne présente plus, ou Fatima Aouam. À Casablanca, pour «courir», il fallait se rendre à la Casablancaise ou au terrain dit de l’Idéal, dans le quartier Bourgogne. Il n’y avait rien d’autre.
Menacée de démolition, comme l’ensemble du Parc de la ligue arabe, la Casablancaise a pu survivre, mais en tombant donc peu à peu dans l’oubli. L’herbe n’y poussait plus et l’endroit ressemblait de plus en plus à un repaire de SDF.
Et voilà qu’à la faveur de l’embellie générale que connut la ville, ces dernières années, la Casablancaise, à l’instar d’autres lieux de mémoire, put renaitre de ses cendres. Cette renaissance, conclue en octobre 2024, fit naitre de grands espoirs pour les athlètes en herbe et les coureurs du dimanche. Une magnifique réhabilitation que l’on n’attendait plus ou presque. Sauf que…
L’histoire ne s’arrête malheureusement pas là. Pour abriter les concerts de musique, durant l’été 2025, les autorités casablancaises ont jeté leur dévolu sur la Casablancaise. Etrange choix. Alors que la ville regorge d’espaces (les complexes communaux, la salle dite Larbi Benbarek), et au lieu d’investir l’espace Nevada, aujourd’hui cannibalisé par des nuées de skatebords et de trottinettes, ou le grand théâtre de Casablanca, juste derrière, prêt mais toujours fermé, la ville a investi donc la Casablancaise.
Résultat: la pelouse, à peine posée quelques mois plus tôt, a été complètement démolie. Autrement dit: aussitôt posée, aussitôt démolie. Ou presque.
Le «bijou» de la Casablancaise a donc été réduit à néant. Déjà.
Aux dernières nouvelles, on est en train de réfléchir à installer une nouvelle pelouse, la énième. Combien coûte la pose d’une nouvelle pelouse? Quel que soit le prix, il sera de trop. Ça revient à verser l’eau dans le sable.
Pour accueillir les concerts de Hatim Ammor et des autres, les élus de la ville avaient le choix entre plusieurs options. 1-construire une vraie salle de concert (Casablanca n’en a pas vraiment, et c’est une honte), 2-choisir un autre site que la Casablancaise, 3-protéger la pelouse à peine posée.
Ils ont choisi de ne rien choisir. Ils ont fait comme celui qui ne sait pas de quoi sa journée sera faite: allons-y, on verra après! Cela s’appelle, au mieux improviser, au pire dilapider de l’argent public et dégrader un patrimoine public. Impunément?





