Casablanca: le déploiement des toilettes publiques freiné par le vandalisme

Une nouvelle génération de toilettes publiques à Casablanca.

Revue de presseMalgré un investissement dépassant le milliard de centimes et des dispositifs de surveillance renforcés, certaines installations sont déjà endommagées ou dépouillées, posant la question de la durabilité de ce projet destiné à améliorer le confort et l’hygiène des habitants. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Akhbar.

Le 09/09/2025 à 18h59

À Casablanca, l’initiative municipale visant à moderniser les infrastructures urbaines par l’installation de toilettes publiques se heurte à un obstacle inattendu mais récurrent: le vandalisme. Lancé dans le cadre d’une stratégie visant à améliorer le confort et l’hygiène dans les espaces publics, le projet, dont le coût a dépassé le milliard de centimes, connaît déjà ses premières difficultés.

Depuis l’inauguration de certaines installations, plusieurs d’entre elles ont été endommagées ou dépouillées de leurs équipements sanitaires, indique le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce mercredi 10 septembre. Robinetteries arrachées, portes fracturées, réservoirs vidés: les actes de vandalisme, répétitifs, suscitent inquiétude et frustration parmi les habitants. «On a investi pour le bien-être de tous, mais voir ces équipements détruits en quelques jours, c’est décourageant», confie un responsable municipal, sous couvert d’anonymat.

Pour répondre à ce défi, la ville de Casablanca a mis en place un dispositif combinant surveillance humaine et électronique, apprend-on. Des caméras seront installées dans les nouvelles installations, tandis qu’une société privée se chargera de la propreté, de la sécurité et de la maintenance, avec des équipes mobiles qui se relaieront tout au long de la journée.

Le financement de cette opération sera assuré par la publicité apposée sur les façades des toilettes, afin de limiter la charge sur le budget communal. Le programme vise à corriger un déficit historique: de nombreuses zones de Casablanca, notamment les quartiers centraux et périphériques, manquent cruellement de toilettes publiques, un problème particulièrement sensible pour les personnes âgées et les malades chroniques comme les diabétiques.

La municipalité espère atteindre une répartition équitable de ces installations, de Sidi Belyout et Anfa à Sidi Moumen, Bernoussi, Ain Chock et Hay Hassani. La première phase a permis l’ouverture de 40 toilettes, et 60 autres devraient être opérationnelles avant la fin de l’année, précise Al Akhbar.

Cependant, le vandalisme pose une question majeure sur la durabilité du projet. Les autorités insistent sur la nécessité d’une surveillance constante, mais certains experts relèvent qu’il faudrait aussi travailler sur la sensibilisation des citoyens. «La technologie seule ne suffira pas. Il faut éduquer et responsabiliser la population sur l’importance de ces infrastructures publiques», estime un urbaniste marocain.

Parallèlement, certains riverains expriment leur frustration. «Ces toilettes sont nécessaires, mais si elles continuent à être vandalisées, elles finiront par disparaître, et nous serons encore privés d’un service essentiel», déplore un habitant d’Anfa.

Ce dilemme illustre la tension permanente entre modernisation urbaine et respect du mobilier public dans les grandes métropoles. Le succès de ce programme dépendra donc non seulement des investissements et de la technologie, mais aussi de la capacité de la société à protéger et à valoriser les espaces partagés. Il s’agit d’installer une culture de l’espace public, où l’intérêt collectif prime.

Par La Rédaction
Le 09/09/2025 à 18h59