Association Maroc Avenir: Ali Janah répond à nos questions

DiaporamaEn cette semaine qui s'est ouverte, lundi 12 août, sur la journée internationale de la jeunesse, Le360 s'est intéressé aux initiatives de l'Association Maroc Avenir. Son président, Ali Janah, a bien voulu répondre à nos questions.

Le 14/08/2013 à 08h01, mis à jour le 19/08/2013 à 06h36

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Le360 : Comment est née l'Association Maroc Avenir et quels sont les principaux idéaux et objectifs qui la sous-tendent ?

Ali Janah : L’association Maroc Avenir est née en mars 2011, dans le but de parrainer et d’encadrer des jeunes issus de milieux défavorisés. Plus précisément des enfants issus des quartiers délabrés de Ain diab à Casablanca, du fait qu’ils sont entourés des plus somptueuses villas casablancaises ainsi que des plus prestigieux restaurants Casablancais. Ce qui créait chez ces enfants une certaine haine et les rendaient susceptibles d'être endoctrinés que ce soit par des extrémistes religieux ou des dealers de drogue, d’autant plus que, majoritairement, ils ne se fixent pas d’objectifs.

Notre rôle a été donc de créer ce que notre association a appelé « une réconciliation sociale » entre des jeunes qui veulent se rendre utiles en étant des citoyens qui ont pour grande richesse du temps et de la volonté à revendre et des enfants déboussolés ayant besoin d'un soutien ne serait-ce que moral. Bien évidemment sans que notre travail passe pour de la charité car, ce que nous cherchons, c’est à leur inculquer les mérites du travail et non pas le sens de l’assistanat.

Le360 : Quelles actions ont été initiées par l'association depuis sa naissance?

Ali Janah : Nous avons cherché, depuis la naissance de l’A.M.A, à initier les jeunes à la culture. Nous avons adopté le slogan : « semons la culture pour ne pas récolter la haine ».

Le premier événement que notre association a lancé a été le café littéraire, dans lequel chacun des collégiens parrainés a pu partager des passages alternant lecture et compte-rendu du livre. Ce jour-là était plein d’espoir. Il nous a prouvé qu’il suffisait de donner un livre à un enfant. Car la culture, nous l’oublions souvent, est la lumière de cet espoir.

Le deuxième événement, qui s’est tenu deux mois plus tard, fut la collecte de vêtements. Cet événement nous a démontré que la générosité des marocains n’est plus à prouver. Nous avons profité de cet épisode pour expliquer aux enfants que ce que nous faisions n’était pas de l’aumône, mais un devoir qu’eux-mêmes devront un jour accomplir également.

Le troisième événement a été organisé à l’occasion de la journée internationale de la femme, pendant lequel les enfants parrainés ont pu rendre hommage à quatre mères courage, quatre femmes que nous croisons régulièrement au quotidien sans que personne ne les remarque, des femmes qui nous ont frappés par leur force et par leur courage et nous ont également permis d’inculquer à nos jeunes le respect de la femme.

La quatrième action a été la création d’une bibliothèque ambulante qui avait pour but de rapprocher le livre et la culture de la vie de nos enfants.

Mais notre objectif le plus cher et le plus précieux sera de militer pour la création de centres d’écoute au sein des collèges et des lycées étatiques, dans lesquels tout citoyen engagé pourra être à l’écoute des jeunes sans passer par une association. Ce qui nous a poussés à organiser une Conférence-débat qui a été animée par Mme Meriem Bouzidi Araqui, présidente de l’association «Sourire de Reda», et Mme Nabila Mounib, secrétaire générale du « PSU », ainsi que d’autres figures de la société civile ; et notre but a été de débattre sur la possibilité et l’importance de la création de ces centres d’écoute.

Et tout récemment, pendant le mois du ramadan 2013, nous avons lancé les «Samedi de la culture» pendant lesquels des ateliers culturels ont été animés par les membres et amis de l’A.M.A avec la présence d’artistes marocains comme Nora skalli et Malek Akhmis. Ont été organisés des ateliers de lecture, de chant, de peinture et, enfin, de cuisine qui ont permis aux jeunes garçons de préparer des salades de fruits aux petites filles, et ce pour leur transmettre que la cuisine n’est pas qu’une affaire de femmes tout en les intéressant aux couleurs et aux formes à travers les fruits. Tout cela dans une ambiance bon enfant.

-Le360 : Quel bilan faites-vous de la situation de la jeunesse marocaine et quelles sont, à votre avis, les actions prioritaires à entreprendre pour de meilleures perspectives d'avenir?

Ali Janah : La situation de notre jeunesse est semblable à celle de notre société, c’est-à-dire qu’elle va aussi à deux vitesses, entre les jeunes diplômés des grands établissements marocains et internationaux et ceux qui, faute de moyens et d’encadrement, abandonnent les études au tout début. L’écart ne fait donc que s’élargir. Tout en signalant le sentiment de patriotisme qui s’éteint de jour en jour en notre jeunesse, comment voudriez-vous donc qu’on veuille servir un pays auquel on a aucun sentiment d’appartenance ? Nous avons donc à prendre notre jeunesse au sérieux, c’est la seule richesse que notre pays détient. Un citoyen instruit n’a jamais été une menace comme d’autres peuvent le prétendre : la stabilité ne vient jamais en poussant les jeunes vers l’ignorance mais en investissant en eux.

Par Bouthaina Azami
Le 14/08/2013 à 08h01, mis à jour le 19/08/2013 à 06h36