La société civile est à nouveau indignée par les abus à l’égard des animaux errants. Le Collectif des associations marocaines de protection animale, avec le soutien des associations environnementales et de développement durable, vient de lancer un nouvel appel à arrêter les opérations de capture et d’abattage des animaux errants.
Dans cette déclaration, qui a été signée par une trentaine d’associations et publiée mardi 2 mai, le collectif se dit «profondément choqué» et «indigné» par les abus que subissent ces animaux et appelle à l’arrêt «immédiat» de ces opérations de capture et de mise à mort «brutales» et «inhumaines», lesquelles vont à l’encontre aussi bien des instructions royales que des dispositions de la convention-cadre signée en 2019 sous l’égide du ministère de l’Intérieur, relative au déploiement du programme TNVR (capture, stérilisation, vaccination et relâchement).
Ce programme, qui devait mettre un terme aux maladies telles que la rage et d’autres zoonoses, n’a toujours pas été mis en pratique, ce qui «laisse place à des opérations brutales et inhumaines de capture et d’abattage des animaux à travers tout le pays, incluant ceux déjà stérilisés, vaccinés et identifiés», poursuit le collectif.
Détournement du programme TNVR
Censée constituer le cadre référentiel pour le traitement des animaux errants au Maroc, la convention relative au TNVR n’est pas uniquement restée inappliquée, mais ses clauses contractuelles ont été, en plus, «détournées». Selon le collectif, ce détournement se manifeste notamment dans la délégation de la gestion du programme TNVR à des associations inexpérimentées et sans historique de travail, dont la création est «injustifiée», ou à des entreprises privées sans expérience dans le domaine du bien-être animal.
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S’indignant contre ces pratiques «scandaleuses», le collectif désavoue «avec force les dérives inadmissibles de mise à mort de ces animaux». Ces pratiques, précise-t-on, ne respectent aucune des 5 libertés individuelles des animaux. Ces mises à mort, par empoisonnement, par tirs à balles réelles ou en les laissant mourir de faim et/ou de soif après leur capture de manière «effroyable», ciblent l’ensemble des chats et chiens errants, y compris les chiots et chatons et ceux déjà stérilisés, vaccinés et identifiés, signale le collectif.
Des mises à mort «inefficaces»
En plus d’être «inhumaines», le collectif juge ces opérations «inefficaces pour maîtriser la population canine ou féline». Il rappelle ainsi que les études de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) confirment, en effet, que toute réduction de la population canine ou féline par mortalité est rapidement compensée par une meilleure reproduction et un meilleur taux de survie. «En d’autres termes, quand les chiens et les chats sont retirés d’un territoire, l’espérance de vie des survivants augmente, car ils ont un meilleur accès aux ressources», insiste le collectif.
Des pratiques qui nuisent à l’image du pays
Si les scènes «brutales» d’abattage impactent en premier lieu les enfants, qui «assistent, traumatisés à des scènes de violence extrême», elles donnent aussi une image totalement «dégradée» et «dépréciée» du Maroc à l’échelle mondiale, alertent les associations.
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Visibles par toutes et tous, ces scènes choquent également les touristes, qui en sont, malgré eux et de plus en plus souvent, les spectateurs effarés et indignés, étaye la même source, soulignant que ceux-ci s’en font alors l’écho auprès des médias internationaux. Ces derniers dénoncent, à leur tour et avec force, cette situation qui porte un tort considérable au Royaume, à sa fréquentation touristique et à la vision de modernité dans laquelle il s’inscrit.
«Arrêt immédiat»
Considérant que «la protection des citoyens et des animaux est, en 2023 et plus que jamais, la responsabilité morale de toutes et tous», le collectif appelle à l’«arrêt immédiat», dans toutes les villes et localités du Royaume, des opérations de capture et d’abattage des animaux des rues. Il exhorte également les autorités à stopper la violence envers les animaux des rues et à rendre illégal leur abattage systématique. Ce qui, estime-t-on, mettrait fin à 60 années de pratique de l’abattage, qui ont été un échec cuisant dans l’éradication de la rage et autres zoonoses et dans la protection de la santé publique.
Appliquer le programme TNVR
Les associations revendiquent également l’application du programme TNVR suivant les recommandations d’institutions compétentes telles que l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui s’opposent radicalement à l’extermination des chiens, des chats et des équidés comme moyen de protéger la santé publique et de contrôler la population canine et féline.
Ces mêmes organisations, insiste-t-on, considèrent que la TNVR est la seule méthode fiable, ayant fait ses preuves au niveau international, pour protéger d’une manière éthique tous les citoyens du Royaume.
Une approche participative et transparente
Une autre revendication principale de ces acteurs de la société civile est l’intégration des associations de protection animale, officielles et historiques, dans tout le processus du programme TNVR, et de manière transparente. Dans ce cadre, le collectif appelle «instamment» à la dissolution immédiate de toutes les entités privées ou associatives fictives, qui ne seraient pas de véritables associations de protection animale de terrain.
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Le collectif demande, également, le respect de l’article 19 de la Convention des Nations unies relatif aux droits et à la protection de l’enfant et des membres vulnérables de la société contre l’impact psychologique dévastateur engendré par les scènes de violence perturbantes sur les animaux des rues.
Enfin, les associations exhortent le gouvernement à inscrire clairement et urgemment le bien-être animal et l’approche «une seule santé» dans les objectifs du développement durable, et ce, aussi bien dans son agenda gouvernemental national que dans les agendas environnementaux de l’ONU en 2030 et de l’Union Africaine en 2063, afin de garantir la durabilité des écosystèmes, protéger la biodiversité dans son ensemble, garantir la dignité et la santé de tout animal et promouvoir une croissance économique inclusive et respectueuse de l’environnement.