Le journaliste Ali Lmrabet, très proche de Moulay Hicham durant une certaine période, revient à la charge en livrant des informations inédites, sur les colonnes du journal Annass daté de ce mercredi 30 avril, à propos de la relation qu’entretient le prince avec certains journalistes marocains. Des révélations qui vont dans le même sens que celles faites par le journaliste Abderrahim Ariri dans son journal Al Watan Al Aan. Des indiscrétions concordantes qui soulignent le souci du prince de s'entourer de journalistes en mesure de propager et de défendre ses idées, et le soin qu'il prenait à répandre ses largesses pour s'assurer la "loyauté" de ceux qu'il parvenait à gagner à sa cause ou convaincre les autres.
Ali Lmrabet se rappelle qu'au début des années 2000, le prince lui avait demandé de se rendre chez son ami le diplomate Thami El Glaoui. Dans la demeure du petit-fils du célèbre pacha de Marrakech, un messager du prince l'attendait pour lui remettre des documents de la part du prince, notamment une reconnaissance de dettes signée par des journalistes au profit de Moulay Hicham. Parmi ces journalistes, Houssine Majdoubi, journaliste et directeur du site Alifpost. Le chèque qu'aurait reçu Majdoubi était à hauteur de 900.000 DH. Le messager avait dit à Lmrabet que le prince voulait juste qu'il jette un coup d'oeil sur ces documents avant de les lui restituer. Ce n'est qu'après plusieurs jours que le prince a expliqué à Lmrabet qu'il avait prêté de l'argent aux journalistes pour financer un projet mais que, Fouad Ali El Himma ayant eu vent de son initiative, il craignait que le Makhzen n'utilise son geste contre lui. Le directeur de Demainonline affirme qu'il a eu du mal à croire la version du prince. Les reconnaissances de dettes avaient en effet été légalisées dans des administrations marocaines, et il était donc impossible qu'elles soient restées confidentielles. A en croire Lmrabet, le prince voulait simplement faire savoir au monde qu'il avait des journalistes à sa disposition. Ce qui va se passer par la suite confortera Lmrabet dans cette logique : Aboubakr Jamaï, journaliste et cofondateur du défunt Le Jourrnal hebdomadaire, a également été mis dans la "confidence".
Le chantage du prince
Lmrabet raconte par ailleurs qu'un jour, alors qu'il était en compagnie de Houssine Majdoubi dans son appartement de Grenade, en Espagne, il avait attiré son attention sur le chantage auquel le soumettait le prince, en divulguant des informations sur sa reconnaissance de dette. Majdoubi lui avait répondu qu'il avait remboursé une partie de sa dette. Chose quasi impossible, selon Lmrabet qui affirme que le journaliste avait entre temps acheté deux appartements, l'un à Tétouan et l'autre à Grenade, en plus d'une voiture de luxe. A en croire Lmrabet, le journaliste et ancien directeur de TelQuel, Ahmed Reda Benchemsi (ARB), aurait pour sa part bénéficié d'un coup de pouce du prince pour intégrer l'université de Stanford, en Californie, université dont il est l'un des donateurs attitrés. Selon Lmrabet, ARB, au moment de quitter le magazine TelQuel, aurait présenté sa candidature pour intégrer l'université de Yale. Sa demande aurait été refusée par l'administration de la prestigieuse institution. Il se serait donc inscrit sur recommandation du prince à l'université de Stanford.
Lmrabet consacre aussi un passage à Khalid Jamaï qui défendait, selon lui, le prince "progressiste" sans se poser de questions. Jamaï aurait bénéficié, lorsqu'il est tombé malade, de la générosité du prince qui aurait pris en charge les frais de son opération chirurgicale et de son hospitalisation à l'hôpital américain de Neuilly. Une information qu'il n'a pas hésité à partager avec ses amis en soulignant qu'il avait déboursé près d'un million de dirhams pour lui sauver la vie. Lamrabet n’épargne pas non plus Taoufik Bouachrine et Latifa Boussaâdane, la journaliste décédée d'Al Ahdath Al Maghribia, qui auraient, eux aussi, signé une reconnaissance de dettes. Pour sa part, Ali Lmrabet dit avoir refusé les offres généreuses du prince en lui conseillant de faire des dons aux associations des droits de l'homme. Le prince obsédé, selon lui, par la collection des demandes manuscrites des journalistes, aurait tout fait pour lui faire changer d'avis, sans y parvenir.