Aïd Al-Adha: un choix cornélien

Des moutons importés de Roumanie. (K. Sabbar / Le360)

La conjoncture économique morose ne plaide pas en faveur du sacrifice de six millions de moutons. Voici les raisons économiques et sociales que l’éditorialiste d’Assabah évoque pour défendre l’annulation du sacrifice. Les détails.

Le 17/01/2025 à 22h13

«Clairement et sans détour, il n’y a que deux choix: soit nous achèterons le mouton de la fête d’Aïd Al-Adha dans moins de quatre mois, quel que soit le prix économique et social à payer plus tard, soit nous procéderons à l’annulation du sacrifice pour des raisons que même un élève de primaire n’ignore pas», interpelle l’éditorialiste du quotidien Assabah dans son édition du week-end des 18 et 19 janvier.

«C’est ce qui différencie un Aïd synonyme de joie, de retrouvailles et de partage et un suicide collectif avec toutes les répercussions potentielles sur le cycle économique et social de millions de citoyens».

En soulignant que personne ne conteste la profonde signification de ce rituel, qui demeure un symbole de la foi, de la générosité et de la solidarité, l’éditorialiste du quotidien rappelle que «l’Islam appelle les Musulmans à ne pas se jeter dans la destruction (dans l’abîme)».

La conjoncture actuelle au Maroc et dans le monde, explique l’éditorialiste, est assez morose pour qu’on se prive d’un bienfait qui pourrait se transformer en calamité pour le secteur de production des viandes rouges dans le pays.

«Quel est l’intérêt d’égorger six millions de moutons en une journée pour des milliards de dirhams et d’aller au souk après une semaine de fête pour acheter un kilo de viande rouge à 200 dirhams?»

Est-il logique, ajoute-t-il, de sacrifier, en une seule journée, toute la production animale nationale, qui est à peine en train de se reconstituer après des années de sécheresse? Les marchands de crise, qui bénéficient de surcroît des subventions de l’Etat pour inonder le marché de moutons importés, ne se posent-ils pas cette question? Quoi qu’il en soit, conclut l’éditorialiste, le choix est entre les mains des Marocains, fêter sans égorger ou se suicider économiquement.

Par Mohamed Younsi
Le 17/01/2025 à 22h13