Affaires islamiques: de hauts responsables devant la justice

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Revue de presseKiosque360. Le procès du député de l’UC accusé, par une fonctionnaire du ministère des Habous, de l’avoir violée et mise enceinte, revient sur le tapis. Outre l’annulation du jugement d’acquittement, plusieurs hauts responsables de ce département sont accusés de faux témoignages liés à ce dossier.

Le 04/03/2019 à 20h24

Le procureur du roi près le tribunal de première instance de Témara a décidé de poursuivre plusieurs responsables du ministère des Habous et des affaires islamiques pour faux témoignage. Le délégué provincial, un grand responsable de la direction des ressources humaines et un chef de service sont accusés de participation à un faux témoignage et d’incitation d’autrui à témoigner. Six autres fonctionnaires sont poursuivis pour faux témoignage dans une affaire administrative. Le procureur du roi a déféré ce dossier au juge d’instruction près le tribunal précité pour auditionner les accusés. Cette affaire a été déclenchée suite à une plainte de Malika Slimani, fonctionnaire au ministère des Habous, dans laquelle elle accuse ces responsables d’avoir trafiqué un PV du conseil de discipline. Elle les soupçonne, en outre, d’avoir sciemment organisé ce conseil de discipline le jour même où se déroulait le procès consacré à un conflit l’opposant au député de l’UC, Hassan Arif. Un dossier qui remonte à 2009 et dans lequel Malika Slimani accuse le député de l’avoir violée, dépucelée et mise enceinte. Elle a d'ailleurs donné naissance à un petit garçon.

Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du mardi 5 mars, que la plaignante n’exclut pas la cause à effet entre le fait que le député est rejugé et sa convocation à se présenter devant le conseil de discipline. Une convocation, ajoute-t-elle, qui vise à l’empêcher d’assister au déroulement de son procès à la Cour d’appel de Casablanca. Selon le contenu des plaintes, Malika Slimani aurait demandé, le 9 mars 2017, une audience au directeur des ressources humaines au ministère pour savoir pourquoi on ne lui avait pas notifié sa promotion. Mais elle a été informée par les policiers en faction devant le ministère qu’elle était interdite d’accès à ce département et ce sans motif légal, ni avis préalable. Le 14 mars, Malika Slimani a reçu une convocation pour se présenter devant le conseil de discipline à une date fixée pour le 21 mars. Comme par hasard, cela coïncide avec le jour même où devait se dérouler une audience cruciale au tribunal dans l’affaire de son présumé viol par le député de l’UC. Elle a été contrainte de zapper son procès pour se présenter devant le conseil de discipline qui lui a infligé une sanction de cessation de salaire de deux mois. Mais quand elle a repris son travail, elle a été surprise par une autre décision, puisqu’elle a écopé de deux mois de suspension.

Le procès pour viol arrive aujourd’hui à la cour de cassation après que la plaignante a interjeté appel, quand le député a été acquitté de toute les accusations. Auparavant, la Cour d’appel avait condamné Hassan Arif à un an de prison ferme et une amende de 150.000 dirhams. Finalement, le tribunal a annulé le jugement de l’acquittement du député et a demandé à ce que dossier soit jugé par une autre juridiction. La Cour a, en outre, demandé à exploiter l’expertise génétique réalisée sur les sous-vêtements de Malika Slimani, laquelle a démontré que l’accusé était bien le père biologique de l’enfant. Les analyses ADN réalisées dans les laboratoires de la gendarmerie royale ont confirmé la paternité du député à 99, 99%. Mais, malgré les faits, Hassan Arif a toujours nié avoir eu des rapports sexuels avec la plaignante.

Par Hassan Benadad
Le 04/03/2019 à 20h24