Les Casablancais se sont rendus en masse, dimanche, dans les cimetières de la ville, non pas pour visiter les tombes de leurs proches et y lire des invocations mais, relate le quotidien Assabah dans son édition du mardi 12 janvier, pour rechercher les corps des défunts dans les mares d’eau, après la destruction des sépultures suite aux dernières intempéries. Une scène chaotique qui a sidéré les femmes en pleurs qui voyaient réapparaître les linceuls des défunts récemment enterrés.
Un jeune homme, qui n’était pas au courant de ce qui s’était passé, est resté sans voix face à cette scène apocalyptique dans le cimetière Al Ghofrane: «Je suis venu visiter la tombe de mon grand-père mort il y a un mois, et j’ai découvert que le cimetière s’était transformé en une grande mare où flottaient des cadavres. Dans certains endroits, on ne distinguait plus les tombes car elles s’étaient toutes effondrées suite aux pluies torrentielles qui se sont abattues sur la métropole. Même les morts n’ont pas été épargnés par la négligence des responsables politiques, car le cimetière ne dispose pas de réseau d’évacuation des eaux pluviales».
Chakib, un autre témoin de cette catastrophe, a été tout aussi choqué par ces «flaques d’eau où baignaient les morts». Heureusement, dit-il, que des volontaires ont retroussé leurs manches pour remettre à niveau les tombes et enterrer, de nouveau, les corps. C’est terrible, poursuit-il, car, après la profanation des cimetières par les voleurs, les mendiants et les vagabonds, la pluie vient de dénoncer, encore une fois, l’indifférence des responsables de la ville envers les morts.
Le quotidien Assabah rapporte que plusieurs familles se sont précipitées vers le cimetière Al Ghofrane pour s’enquérir de l’état des tombes de leurs proches. Certains recherchaient les sépultures des leurs, d’autres remettaient les stèles à leur place, et d’autres encore s’assuraient que les corps étaient toujours enterrés, de peur qu’ils ne tombent entre les mains de charlatans. Quant aux femmes, elles étaient tout aussi choquées et en colère contre les responsables de la ville qui, disent-elles, ne respectent même pas les morts.
Même son de cloche à Benslimane quand le gouverneur de la ville, Samir El Yazidi, a laissé exploser sa colère en constatant que le nouveau cimetière était devenu un étang plein d’eau et de boue. Certains acteurs de la société civile indiquent que le marché de l’équipement du nouveau cimetière a été accordé à une société «très chanceuse», dans des conditions ambiguës. Sauf, ajoutent les mêmes sources, que les travaux réalisés n’ont pas dépassé les 15% du cahier des charges et que, de plus, les matériaux de construction avaient été volés par un responsable de la municipalité de Benslimane.