L’Union socialiste des forces populaires (USFP) s’apprête à fêter son soixantième anniversaire. Pour ce faire, l’actuel premier secrétaire du parti de la Rose, Driss Lachgar, est entré dans une course contre la montre afin de réussir cette étape symbolique dans la vie du parti, avec la participation des ténors du parti et de l’ensemble des militants ayant quitté le navire. C’est dans ce sens qu’il multiplie ses visites chez eux et tente de les convaincre pour tourner la page des différends et placer l’intérêt de la Rose au-dessus de toutes les autres considérations. Surtout que le festival prévu à cette occasion coïncide avec l’anniversaire de l’enlèvement de Mehdi Benbarka.
Cependant, le fait d’emballer l’initiative en la médiatisant comme une réconciliation entre les membres de la famille ittihadie n’a pas été du goût de l’ensemble des militants de la Rose, notamment ceux ayant gelé leurs activités au sein du parti et d’autres qui l’ont quitté pour rejoindre d’autres formations politiques ou rester dans l’expectative.
Selon le quotidien Assabah, qui se penche sur ce sujet dans son édition du week-end des 28 et 29 septembre, les uns et les autres reprochent au premier secrétaire du parti et au bureau politique de lancer cette formule de réconciliation sans débat politique. Dans une déclaration au quotidien, un ancien ittihadi, qui n’est pas contre la réconciliation, a fait savoir que l’initiative de Driss Lachgar et du bureau politique n’a aucun lien avec les conditions d’une véritable réconciliation qui exige un terrain d’entente politique et l’évaluation de la période de l’après neuvième congrès ainsi que la révision de la ligne politique ayant affaibli l’USFP et contribué à son éloignement de la société.
Cet ancien ittihadi, qui a préféré garder l’anonymat, ajoute Assabah, a souligné que la réconciliation, qui est une action politique, beaucoup plus qu’une campagne visant la réussite d’un festival, demande l’adhésion des ittihadis ayant une crédibilité et non pas des «figures grillées qui veulent jouer le rôle de l’arbitre et de l’adversaire en même temps».
Et de s’interroger sur le fait de lancer une réconciliation sans ouvrir un débat autour de l’horizon politique du parti. Ce débat permettrait de soulever la question de son organisation et de l’institutionnalisation des courants afin d’éviter les scissions qui découlent de l’absence de démocratie interne. Cet ancien ittihadi, poursuit le quotidien, estime que le parti traverse une crise qui demande une réforme de sa ligne politique. Car, a-t-il fait remarquer, la participation du parti au gouvernement sans conditions et en tant que minorité ne résout pas cette crise.
Dans le même sillage, Massoud Abouzid, coordonnateur du projet de l’alternative progressiste, a affirmé qu’il n’est pas concerné par cet appel à la réconciliation, faisant savoir que ses camarades sont occupés par l’intégration au sein de l’Union nationale des forces populaires (UNFP), avant de faire remarquer que la réconciliation ne signifie pas le fait de «tourner la page» sans la lire. Autant dire que le chemin de la réconciliation semble difficile et sinueux.