Le Parti de la justice et du développement (PJD) poursuit sa surenchère autour du projet de loi sur l'usage légal du cannabis, à visées thérapeutiques. Après avoir validé le projet de loi en Conseil du gouvernement, le parti à référentiel islamiste, qui conduit la coalition gouvernementale, cherche aujourd’hui à entraver le processus de son adoption dans le circuit législatif.
Au nom de son groupe parlementaire, à la première Chambre du parlement, le PJD a demandé la création d’une mission exploratoire temporaire sur la situation des agriculteurs qui cultivent le cannabis. Ils entendent aussi en savoir plus sur les retombées de cette économie informelle dans le Nord. A ce propos, le président du groupe parlementaire du PJD, Mustapha Ibrahimi, a adressé deux correspondances, pour avis, au Conseil économique, social et environnemental (CESE), ainsi qu’au Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce jeudi 15 avril.
Le PJD s’est adressé à ces deux institutions pour obtenir leur avis sur l’impact de la nouvelle loi sur la région en ce qui concerne le CESE, et sur la situation des agriculteurs susmentionnés, en ce qui concerne le CNDH.
Les sources interrogées par le quotidien font remarquer que le PJD n’avait auparavant jamais soulevé la question des agriculteurs recherchés par la justice dans le Nord en raison de leur activité dans la culture du cannabis. C’est le PAM (le Parti authenticité et modernité, de l'opposition) qui avait soulevé cette question à plusieurs reprises, appelant à une «grâce» qui serait ultérieurement accordée aux cultivateurs de cannabis qui auront été poursuivis par la justice dans le cadre de la loi actuellement en vigueur, explique le quotidien.
L’initiative du PAM a été par la suite soutenue et appuyée par le Rassemblement national des indépendants (RNI) et le parti de l’Istiqlal (PI). Autant dire que la montée au créneau du PJD d'aujourd’hui ne serait ourdie que dans le but d’entraver l’avancée du processus d’adoption de la nouvelle loi.
Le projet de loi 13-21 avait été adopté par le gouvernement le 11 mars 2021 à Rabat, après deux reports. Après cette adoption par l’Exécutif, le projet sera examiné en commission de l’Intérieur à la Chambre des représentants, avant son adoption en séance plénière lors de cette session d’avril.
Ce projet de loi 13-21 prévoit, entre autres, la mise en place d’une Agence nationale en charge de mettre à exécution la stratégie étatique en matière de cultures du cannabis, sa transformation, sa commercialisation, son exportation ou son importation pour des besoins médicaux, pharmaceutiques ou industriels.