Le silence assourdissant de la communauté internationale face aux répressions et aux persécutions des séquestrés de Tindouf pousse la sécurité militaire algérienne à piétiner, de plus en plus, la dignité des Sahraouis. Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du lundi 14 juin, que les restrictions des libertés se sont renforcées, surtout après le début de ce que l’appareil propagandiste du Polisario et de l’Algérie appelle la «deuxième guerre». Ces restrictions touchent aussi bien la population que les leaders des séparatistes, après que le bureau de coordination militaire à Alger a annoncé l’interdiction de sortir du camp sans autorisation préalable du gouverneur militaire de Tindouf. C’est ainsi que les nomades ne peuvent plus rejoindre leur cheptel qu’après avoir déposé, deux jours avant la date prévue, une demande de sortie accompagnée des papiers de la voiture et des cartes d’identité des passagers.
Quant aux dirigeants, ils doivent justifier les raisons de leur sortie du camp en joignant à la demande manuscrite une copie de l’activité à laquelle ils vont participer. Ces mesures draconiennes ont suscité une vague d’indignation chez les responsables séparatistes qui y voient une conséquence du comportement très conciliant des appareils de sécurité polisariens vis-à-vis des services de renseignement algériens. Il faut préciser que les autorités militaires algériennes n’hésitent plus à humilier les dirigeants du Polisario. Ainsi, Naâma Joumani, Sidi Ouakal et Mohamed Salem Ould Salek ont, notamment, été soit fouillés et privés de leurs papiers d’identité, soit interdits de quitter le camp sous prétexte du couvre-feu.
Le quotidien Assabah rapporte que la population donne, via des audios sur WhatsApp, une autre explication à ce climat délétère en affirmant que l’objectif de l’armée algérienne est d’arrêter des centaines de jeunes qui s’activent dans la contrebande de carburant et autres produits, pour subvenir aux besoins de leurs familles. La situation des réfugiés (malgré eux) de Tindouf ne cesse de se dégrader face à la multiplication des dispositifs sécuritaires mis en place par les renseignements algériens, sous prétexte de protection des frontières. L’interdiction faite aux associations et aux acteurs de droits de l’Homme de rencontrer cette population encerclée rend les choses plus compliquées. Même les réseaux sociaux sont surveillés et toute personne qui ose diffuser des enregistrements audios critiquant les crimes du bureau de coordination militaire est passible d’enlèvement ou de poursuites pénales graves.
Autant dire que les habitants des camps de Tindouf vivent dans l’incertitude et la peur face au décuplement des crimes des services de renseignement algériens, qui n’hésitent pas à brûler ou tuer toute personne qui s’élève contre cette tyrannie. De plus, les services sociaux offerts aux habitants sont restreints, puisque la société de distribution d’électricité coupe le courant dans l’après-midi, quand la température atteint 54 degrés, sans oublier que les produits alimentaires essentiels, comme le lait en poudre, se font de plus en plus rares. Pis encore, les habitants se plaignent de l’intimidation et du harcèlement des femmes par les gardes-frontières qui, dans les points de contrôle, leur confisquent les marchandises qu’elles apportent de Tindouf.