«Il y a deux ans, il était impensable que les services du renseignement intérieur marocain, DGST, puissent opérer en territoire espagnol», assure un haut responsable du renseignement sécuritaire espagnol. «Aujourd’hui, non seulement ces services se sont ils implantés en territoire ibérique, mais ils y opèrent main dans la main avec leurs homologues espagnols dans le cadre de la lutte antiterroriste», relève le quotidien à grand tirage El Païs, en précisant que «c’est la première fois que les officiels espagnols reconnaissent la présence d’agents de la Direction générale de la surveillance du territoire, service secret intérieur du royaume du Maroc, en plein territoire ibérique».
Reste à déterminer la nature du travail effectué, hors-territoire marocain, par les services de la DGST, et le point de savoir si ces services sont armés ou pas. «Le travail des services marocains consiste à recueillir les informations et participer, quoique sans armes, aux coups de filet antiterroristes menés par leurs homologues ibériques, à ce détail près que leur action a pour cible les islamistes marocains résidant en Espagne», clarifie El Païs. Dans ce contexte, révèle le quotidien madrilène, «7 sur 13 islamistes marocains ayant rallié, à partir de l’Espagne, le Front Al Nusra, filiale d’Al Qaeda, avaient trouvé la mort dans des opérations suicide en Syrie». Une révélation faite par une source sécuritaire espagnole, mais qui porte en filigrane la signature de la discrète et néanmoins très efficace Direction générale de la surveillance du territoire.
Action discrète mais très efficaceD’ailleurs, «la participation discrète des services marocains aux dernières opérations antiterroristes menées en Espagne a permis le démantèlement de plusieurs cellules terroristes chargées de recruter des candidats au jihad sous la bannière du présumé Etat islamique en Irak et en Syrie", observe El Païs. Le dernier fait d’armes à mettre au compte des services de contre-espionnage marocains a été enregistré pas plus tard que le 16 décembre dernier. «Une coordination exemplaire entre les services marocains et espagnols a permis de mettre hors d’état de nuire, du côté de Fnidek, deux rabatteurs pro-«Etat islamique» et, du côté de Mellilia et Barcelona, quatre autres qui tentaient de recruter, via le WhatsApp et autres réseaux sociaux, de jeunes candidats au jihad», dévoile le quotidien madrilène, en relevant que la coopération sécuritaire entre les deux royaumes a fait d’excellentes preuves en 2014, particulièrement en mars, mai et septembre derniers. Pendant ce temps, les services des deux pays ont réussi à démanteler, à Nador, Fès, Tétouan et Mellilia, plusieurs cellules chargées d’embrigader de potentiels combattants au profit de l’hydre terroriste Daech, patronyme arabe du soi-disant «Etat islamique» d’Abou Bakr al-Baghdadi. «Une preuve éclatante de ce que peut être la coopération transfrontalière dans le cadre de la lutte antiterroriste», fait valoir le quotidien espagnol, sur la foi de révélations faites par des officiels espagnols.
Madrid salue «l’excellente coopération» de la DGSTEncore une fois, Madrid a salué, par la voix de son ministre de l’Intérieur, «l’excellente coopération» de Rabat en matière de lutte antiterroriste. Lors d’un point de presse, tenu vendredi 2 janvier à Madrid, Jorge Frenandez Diaz s’est félicité du «niveau de coopération» entre les deux royaumes dans le combat contre le terrorisme et plus précisément contre la menace jihadiste, en qualifiant cette coopération d’«excellente». Par la même occasion, le haut responsable espagnol a exprimé la volonté de son pays de «maintenir une étroite coopération» avec le royaume du Maroc dans tous les domaines d’intérêt commun.
Pour rappel, Madrid avait décerné, jeudi 23 octobre 2014, l’une de ses plus hautes distinctions au patron de la DGST, Abdellatif Hammouchi, soit la «Croix honorifique de mérite policier avec distinction rouge», en reconnaissance du «rôle joué par la DGST dans le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde». Une distinction qui a retenti, par ricochet, comme un cinglant camouflet aux autorités françaises, lesquelles avaient grillé la politesse au patron du contre-espionnage marocain en cautionnant à son encontre de pseudo allégations de «torture» et de «complicité de torture» colportées notamment par ce dénommé Zakaria Moumni, champion mondial incontesté du racket, et ce criminel de sinistre réputation, Naâma Safri, l’un des instigateurs des tragiques événements de Gdim Izik ayant fait, fin 2010, 11 morts parmi les forces de l’ordre marocaines. Une erreur éminemment stratégique à mettre au passif de Paris, qui s’est depuis privée du soutien précieux que lui apportaient les services d’Abdellatif Hammouchi pour faire face à la menace terroriste. Un apport universellement connu et reconnu pour les services du contre-espionnage marocain, aujourd’hui plus que jamais sollicités à l’international pour faire partager leur expertise et leur savoir-faire exemplaire en matière de lutte antiterroriste.