Le Polisario est aux abois. La légende de l’autodétermination version périmée du couple algéro-polisarien s’est estompée à Genève II, face à la rationalité de l’autonomie prônée par le Maroc. Une approche qui répond à la solution réaliste et durable recommandée par le conseil de sécurité et que l’envoyé personnel de l’ONU essaye de traduire lors des discussions de la table ronde.
Non seulement l’initiative marocaine est de plus en plus adoptée par la communauté internationale, mais elle a fait mouche au sein même des séparatistes. En effet, les camps de Tindouf ont été submergés par des tracts qui appellent à l’acceptation de l’autonomie. La direction du Polisario a été prise de court et s’est empressée de ramasser ces affiches qui jonchaient les routes et les camps, notamment celui dit de Smara. Les responsables des séparatistes n'ont pas caché leur désarroi et leur colère, allant jusqu'à sermonner les appareils de renseignement et tout particulièrement celui des femmes chargées de la surveillance, dénommées «Arifat», pour connaître l’origine de ces affiches. Mais malgré l’état d’alerte décrétée dans les rangs de ce qu’on appelle la gendarmerie du Polisario et les services de renseignement, les tracts étaient de nouveaux répandus sur le sol dès que ces derniers quittaient les lieux. A tel point que les appareils de répression des séparatistes n’ont pas pu arrêter les auteurs de cette invasion d’affiches prônant l’autonomie. Le désarroi était si intense que les différents services ont commencé à échanger des invectives et des accusations.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du vendredi 29 mars, que plusieurs médias, dans les camps, ont fait état d’une dispute entre le «ministre de l’intérieur» et le «directeur de la sûreté». Une rixe à l’issue de laquelle le «ministre» aurait quitté, promptement, les lieux en direction de l’Espagne. Des sources de l’intérieur des camps indiquent que le dénommé Mohamed Sidmou a été nommé à sa place. Ce dernier n’est autre que le cousin du ministre Mustapha Ould Bachir, lequel est un proche du général algérien en poste dans la région de Tindouf. Cette campagne d’affiches appelant à sortir de cette situation stérile fait suite aux développements que connaît le dossier du Sahara marocain et aux échecs répétitifs subis par la thèse du Polisario et de l’Algérie. L’exemple le plus flagrant étant la mise à nu de la propagande autour de la: «Cour européenne, que le Polisario a transformée en bouée de sauvetage transportant ses rêves de séparatisme. Sa direction a longtemps fait la publicité des richesses naturelles avant d’être désavouée par le vote massif du Parlement européen en faveur de l’accord avec le Maroc sur les dossiers de l’agriculture et de la pêche maritime».
Par ailleurs, la situation d’agonie que vit le régime algérien a boosté les séquestrés de Tindouf qui aspirent à retourner dans leur patrie, le Maroc. Ils sont désespérés par la vile exploitation dont ils sont victimes depuis des décennies et qui s’est transformée en un appareil de répression, d’enlèvement et de torture. Le courant Khat Chahid avait violemment attaqué la direction du Polisario en accusant certains de ses responsables de criminels. Ceux-là mêmes qui sont poursuivis par la justice pour avoir utilisé les sequestés de Tindouf comme fonds de commerce. Le courant Khat Achahid avait adressé une lettre au sommet de l’UA qui s’est tenu à Nouakchott, lettre dans laquelle il dénonce la brutalité de la direction du Polisario:«La direction du Polisario n’est qu’un groupe de personnes qui s’accrochent au pouvoir. Certains d’entre eux sont des criminels qui font de la misère des populations des camps un fonds de commerce». Le Courant poursuit en s’adressant à la présidence du sommet de l’UA: «Chaque jour, chaque mois et chaque année qui passent sans la résolution de ce conflit est un crime contre l’humanité envers nos femmes, nos vieillards et nos enfants. Ils souffrent, tous, sous les tentes depuis plus de 45 ans dans une lutte qui ne sert que ceux qui savent pêcher en eaux troubles. C’est pour cela que nous vous demandons d’écouter notre point de vue et de le prendre en considération en tant que partie du peuple sahraoui dans les camps et à l’étranger, afin que la solution escomptée soit globale, juste et durable». La lettre poursuit en demandant qui a donné cette unique légitimité de représentation au Polisario: «Son président, qui participe avec vous à ce sommet, est poursuivi par les tribunaux européens pour de graves violations des droits de l’Homme. Il est, en effet, impliqué dans des arrestations, tortures et assassinats d'opposants, lorsqu’il occupait le poste de ministre de la défense du Polisario. On dénombre plus de 650 personnes disparues dans les camps entre 1975 et 1991, victimes d'élimination physique et de tortures, sans jugement. La direction du Polisario n’a jamais voulu livrer d'indications sur le sort des disparus, ni présenté la liste de leurs noms et de ceux qui sont morts» conclut la lettre de Khat Chahid.