La deuxième table ronde sur le Sahara aura lieu les 21 et 22 mars à Genève. L’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, l’ancien président allemand Horst Köhler, y a invité les parties concernées: le Maroc, l’Algérie, le Polisario et la Mauritanie. L’émissaire onusien a auparavant rencontré les quatre parties en préparation de cette deuxième table ronde, écrit le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du week-end des 16 et 17 mars.
L’ordre du jour choisi par Horst Köhler, avec l’appui du Conseil de sécurité, a été élaboré afin de prendre en compte l’environnement régional et le développement en corrélation avec la stabilité dans la région. C’est d’ailleurs, note le journal, sur instigation des puissances mondiales que ce thème a été choisi. Ce qui n’est pas pour plaire au Polisario qui, comptant sur l’appui de l’Algérie, a tenu à éviter ce genre de thématiques.
Cette table ronde, note le journal, est organisée alors que la région connaît des changements profonds. C’est ainsi que l’Algérie est en pleine gestation, traversant un moment historique, ce qui n’est pas sans avoir un impact direct sur la question du Sahara. La direction du Polisario, elle-même, fait face à une opposition qui va en grandissant tout en gagnant en puissance, dont les ramifications vont jusqu’à la tête du Front. En même temps, poursuit Al Ahdath Al Maghribia, l’Union européenne vient de trancher la question des «ressources naturelles», neutralisant l’une des dernières cartes que brandissait le Polisario.
Ce sont autant de cartes que le Maroc peut jouer aujourd’hui, souligne le quotidien. Le Maroc qui, ajoute Al Ahdath Al Maghribia, se rend à cette rencontre avent autant d’atouts qu’il n’en a jamais eu par le passé. Cette table ronde, qui se tient à Genève, où était hospitalisé il y a encore quelques jours le président algérien, sera tributaire de l’évolution de la situation politique en Algérie, principale partie du dossier du Sahara.
En effet, analyse le journal, on ne connaît pas encore l’étendue de la lutte autour du cinquième mandat du président algérien ou d’un quatrième mandat bis. En conséquence, le régime algérien, qui d’ordinaire se soucie davantage de ce genre de rencontres qu’aux questions nationales qui intéressent le peuple algérien, sera occupé, cette fois, à mettre de l’ordre dans sa demeure. Il doit ainsi faire face aux appels au changement radical portés par la rue. Et justement, la question du Sahara est au cœur du débat interne en Algérie, puisqu’il y est question de richesses nationales des Algériens spoliées par le pouvoir.
Enchaînant sur les ressources naturelles, le journal rappelle que sur ce point, le Maroc est aujourd’hui en situation de force. L’adoption par l’Union européenne de l’accord agricole et de l’accord de pêche constitue un revers cuisant pour l’Algérie et pour le Polisario, qui ont fait de cette question leur cheval de bataille. La preuve en est que le Polisario s’en est pris d’une manière acharnée aux Européens, immédiatement après l’adoption de ces deux accords.
Le deuxième coup reçu par le Polisario vient des Etats-Unis, avec l’adoption de la loi budgétaire de 2019 qui inclut le Sahara dans le territoire marocain, concerné par les aides américaines. L’Algérie a beau activer ses lobbies et ses groupes de pression pour faire adopter une première mouture de ce texte, qui n’est pas favorable aux intérêts du Maroc, elle n’y est finalement pas arrivée.
Globalement, la situation dans la région conforte la position du Maroc, conclut le journal, d’autant que sur la question des droits de l’Homme, le Maroc est également dans une position confortable. Là encore, c’est le Polisario qui a beaucoup à se reprocher, puisque sa direction fait face à des mouvements de contestions populaires menée par les tribus, dont les Rguibat, pour des atteintes graves aux droits humains.