Le projet de Code pénal n’a pas encore fini de faire parler de lui. Cette fois, il a suscité la polémique sous la coupole du Parlement. Al Massae évoque, dans son édition du 7 mai, la sous-estimation par Mustapha Ramid, ministre de la Justice et des Libertés, du nombre d'opposants au projet qui, selon lui, «ne représentent pas l’opinion publique». Le ministre réagissait à une question du groupe socialiste durant la séance des questions orales tenue mardi dernier à Rabat.
Qualifiant le débat actuel d’idéologique, Ramid a résumé les points de discorde en trois points: l’ivresse dans un endroit public, la non-observation du jeûne pendant Ramadan sans motif valable, les relations sexuelles dans leurs deux cas de figure (à savoir entre deux personnes consentantes et en cas d’infidélité conjugale). Malgré ces divergences qualifiées d’idéologiques, Ramid s’est déclaré prêt à étudier toute proposition constructive dans le cadre d’un débat, écrit Al Massae. Une position appuyée par Abdessamad El Idrissi, membre du groupe du PJD, qui a estimé que ceux qui posent ces questions sont «contre les constantes de la Nation».
La déclaration a irrité la députée socialiste Hasna Abouzaid qui a accusé le ministre de vouloir diluer le débat et de le porter au niveau du Parlement. La députée a même qualifié le projet de «répressif». Elle a avancé dans ce sens, rapporte le quotidien, le fait que ce Code est la devanture de la réforme politique. Or, selon elle, «il existe un ensemble de dispositions qui jettera l’action politique et syndicale en enfer». Elle a nié le fait que les points précités constituent le point nodal du débat.
Al Akhbar, qui aborde aussi le sujet dans son édition du jour, a rapporté plus en détail la joute orale qui a opposé le ministre et la députée. Hasna Abouzaid est allée jusqu’à qualifier le projet de code «colonialiste et de répressif» et a reproché au ministre de vouloir noyer le poisson en recourant à une vision minimaliste. Le projet comporte des dispositions répressives qui ont suscité une levée des boucliers de la société civile et d’une partie de la majorité. Hasna Abouzaid a jugé que ce projet ne sied pas avec le développement du système politique marocain.