Un excès de colère du ministre chargé des Affaires générales du gouvernement a provoqué un tollé au Parlement, au point que le président a décidé de suspendre la séance. Cette «tramdina» du ministre Daoudi a eu lieu mardi, lors de la session hebdomadaire des questions orales à la deuxième Chambre, précise le quotidien Al Akhbar dans sa livraison du jeudi 16 mai.
Ainsi, rapporte le journal, la réponse du ministre à une question sur les prix des produits de consommation de base n’a pas plu aux parlementaires du PAM et de la CDT. Et les deux parties, les conseillers et le ministre, après avoir échangé quelques accusations, se sont mises à s'invectiver. Les conseillers du PAM et de la CDT ont ainsi accusé le gouvernement de «protéger» les lobbies et autres grands négociants de matières de première nécessité «qui en profitent pour augmenter les prix et porter un coup au pouvoir d’achat». De même, estiment-ils, les spéculateurs en tout genre tirent profit de la faiblesse du gouvernement.
Comment le gouvernement se montre-t-il incapable de plafonner les prix des hydrocarbures, par exemple, alors qu’il n’hésite pas à sanctionner les petits commerçants lors des campagnes périodiques de contrôle des prix? Telle est la question lancée par un conseiller de la CDT, cité par le journal. Piqué au vif, le ministre a répondu avec ironie, se disant surpris que certaines personnes puissent ainsi se faire autant de soucis pour de petites gens.
« Vous pouvez crier autant que vous voulez, vous ne pourrez pas duper les Marocains qui sont aux faits de la réalité », a notamment asséné le ministre. «Nous savons tous vers qui va leur préférence au moment des élections et pour qui ils votent. L’actuel gouvernement est mieux que le précédent et les Marocains ne manqueront pas de voter pour lui», a ajouté le ministre, un tantinet irrité. Des propos qui lui ont attiré les foudres des autres conseillers qui ne voient pas pourquoi le ministre insiste autant à évoquer les élections dans une question orale bien loin de ce sujet.
Ainsi, Abdelilah El Mouhajri, conseiller du PAM, a tenu à expliquer au ministre que si les conseillers étaient là, c’est justement parce que le peuple marocain avait aussi voté pour eux. Et dire, ajoute le conseiller, que «vous faites pratiquement ce que vous voulez et nous refusez le droit de nous exprimer, juste parce que vous avez recueilli les voix d’à peine un million et 400.000 électeurs. Si vous aviez obtenu 10 millions de voix, Dieu sait ce que vous auriez fait». L’échange s’est transformé en cris, créant un brouhaha à l’hémicycle. C’est à ce moment que le ministre chargé des relations avec le Parlement, Mustapha El Khalfi, a décidé de mettre son grain de sel, envenimant la situation alors qu'il pensait apporter son soutien à son collègue. Le président est finalement intervenu pour arrêter les travaux de cette séance de questions orales.