Le Maroc a toujours reporté la demande de rétrocession de ses deux villes, Sebta et Melilla, occupées par l’Espagne, en espérant que la sagesse et la raison l’emporteraient sur d’autres doctrines encore vivaces chez nos voisins du Nord. Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia souligne, dans son édition du jeudi 20 mai, que le Royaume sait que ce sujet est politiquement très sensible et touche une mentalité coloniale encore ancrée chez les Espagnols. Le Maroc attend donc que l’Espagne soit dans de meilleures dispositions pour ouvrir ce dossier, sans qu’il y ait d’interférences avec d’autres sujets bilatéraux. Sauf que l’on découvre, de jour en jour, que le complexe colonial demeure solidement implanté dans les esprits des politiques espagnols. C’est ainsi que notre voisin du Nord a décidé d’accueillir un séparatiste hostile au Maroc qu’elle a introduit sur son sol sous une fausse identité, en comptant sur la complicité de l’Algérie pour que le secret soit gardé.
Le Maroc a, bien sûr, eu vent de cette mascarade et a demandé à l’Espagne de lui fournir des explications sur les raisons qui l’ont poussée à afficher une telle hostilité vis-à-vis de son premier partenaire dans la région. D’autant que cet acte inadmissible va à l’encontre de toutes les règles diplomatiques, de bon voisinage et de partenariat stratégique tant défendues par les Espagnols. La crise a empiré lorsque la police des frontières espagnole a failli à sa mission de protection du préside marocain occupé face au déferlement de migrants, comme si le Maroc était le gendarme chargé d’assurer cette mission.
L’éditorialiste du quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte que le déferlement de migrants vers le préside occupé de Sebta a réveillé les préjugés coloniaux et racistes chez les autorités espagnoles, qui les ont accueillis avec une violence inouïe. La guardia civil et l’armée espagnole ont, en effet, utilisé des matraques, des grenades lacrymogènes et, pis encore, des balles en caoutchouc très dangereuses. Les caméras de plusieurs chaînes de télévision, ainsi que des vidéos relayées par les réseaux sociaux, ont montré les forces de l’ordre espagnoles agressant violemment les migrants sortant de la mer, tout en proférant des insanités et des propos racistes à leur encontre.
Les forces de l’ordre ont été jusqu’à les assiéger dans l’eau glacée de la méditerranée, provoquant ainsi des évanouissements chez plusieurs personnes. Dans la soirée de mardi, les policiers et les militaires espagnols ont tiré dans la foule avec des balles en caoutchouc qui ont fait plusieurs blessés graves sur le territoire du préside occupé de Sebta, ainsi qu’aux abords de Fnideq. Autant dire que les responsables espagnols ont levé le voile sur la réalité des droits de l’Homme dans le vieux continent et sur la fourberie des principes et des valeurs dont on nous rebat les oreilles à tout vent.
Cet esprit colonial révolu et ce racisme ont été repris à son compte par une certaine presse. Ainsi en est-il pour le journal El Pais qui a titré, sans scrupules, «La marche noire», en publiant des photos des migrants subsahariens. Un titre qui fait allusion à la glorieuse marche verte qui avait accéléré la mort de Franco et qui demeure un complexe qui hante les responsables de ces médias. Mais l’allusion la plus cynique demeure ce racisme enraciné dans des esprits qui ne retiennent de l'Afrique que la pauvreté qui pousse certaines personnes à migrer. L’Espagne néo franquiste a donné une triste image de l’Europe et de l’UE qui s’est empressée de le soutenir, montrant ainsi que les droits de l’Homme dont elle se targue sont à géométrie variable. Quant au Maroc, il a réitéré son message constant à l’Europe et au monde entier: tout est négociable, sauf son intégrité territoriale et ses intérêts supérieurs.