“Nous savons d’où viennent les financements. Ils sont venus très régulièrement d’Arabie Saoudite, du Qatar, de Turquie, et sont venus plus marginalement du Maroc et d’Algérie”, a déclaré le chef de l’Etat français en réponse à une question d’un journaliste sur l’origine des financements de l’Islam en France.
“Quand je dis ça, je ne stigmatise aucun Etat, certains Etats à des moments ont mené des politiques de prosélytisme (en France). J’ai eu un dialogue depuis le premier jour avec mes homologues de ces pays pour leur demander de le cesser”, a dit le chef de l’Etat français.
“Après, la difficulté c’est que beaucoup de financements venant de ces pays viennent par des structures privées qui ne sont pas directement étatiques”, a ajouté M. Marcon, relevant que la loi sur les séparatismes qui sera présenté en conseil des ministres le 9 décembre prochain va permettre d’encadrer ces structures, de cerner leurs liens et projets.
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"Ce qui est vrai, c’est qu’il y a eu une géopolitique de l’islam, on la voit partout dans le monde et que cette géopolitique ne correspond pas aux valeurs qui sont les nôtres et qui sont celles de notre diplomatie parce que nous ne croyons pas à un islam politique", a encore dit le président français.
Selon lui, "il y a eu ces dernières années une forme d’emballement, de perte de contrôle et certains de ces financements sont allés vers le terrorisme islamiste, et on la vu en Syrie".
Dans son discours qui a duré plus d’une heure, suivi d’une conférence de presse, le chef de l’Etat français a annoncé la fin d’ici à quatre ans du système d'imams détachés, envoyés par la Turquie, le Maroc et l'Algérie dans les mosquées françaises, ainsi que les psalmodieurs.
Il a affirmé vouloir “libérer l’islam en France des influences étrangères”, qui se font de deux manières; l’une visible et assumée, l’autre parfois plus profonde et plus dangereuse, mais moins visible et moins assumée.
La première influence “qu’on a décidé de réduire”, c’est l’organisation de “l’islam consulaire”, a-t-il expliqué, rappelant que la France “organise la formation des imams dans des pays étrangers et celle des psalmodieurs que nous faisions venir de manière régulière”.
“C’est la Turquie, le Maroc et l’Algérie qui fournissaient ces imams et ces psalmodieurs. Nous avons décidé de mettre fin à ce système de manière totalement apaisée avec les pays d’origine” en transition sur 4 ans en moyenne, car les imams seront formés en France.
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“Nous devons détacher ce lien qui est celui qu’on nomme l’islam consulaire parce qu’il nourrit des rivalités, des dysfonctionnements, mais surtout il continue de faire porter ce surmoi postcolonial que j’ai évoqué par ailleurs avec énormément d’ambigüité et il ne permet pas à la structuration de cette religion dans notre pays d’avancer comme il faut”.
“Je le dis d’une manière vraiment très apaisée et en accord à la fois avec le CFCM (Conseil français du culte musulman) et les trois pays que j’ai évoqués”, a-t-il ajouté.
Pour ce qui est des financements, M. Macron a indiqué que les mosquées seront incitées à sortir de la forme associative pour basculer vers le régime prévu par la loi 1905 à la fois plus avantageuse fiscalement et davantage contrôlées sur le plan des financements venant de l’étranger.
Toutes celles qui continueront à choisir la voie de la loi 1901 seront soumises à un contrôle renforcé drastiquement en termes d’origine de financements, de contrôle de cette origine et de transparence sur les fonds, a-t-il prévenu.
Il ne s’agit pas selon lui “d’interdire les financements venant de l’étranger, mais “simplement de les encadrer, de les rendre transparents et de les maîtriser”.
“C’est un élément essentiel là aussi, pour libérer l’islam en France des influences étrangères qui sont rarement pour le meilleur, et comme nous l’avons constaté, plus souvent pour le pire”, a expliqué le président français.
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“Ce que nous allons de fait faire pour tous les lieux de culte, c’est donc renforcer les contrôles en termes de financements, et aussi sur les associations qui les portent (...) renforcer notre contrôle sur ce qui est dit, les actions qui y sont menées et le respect des valeurs de la République”.
Emmanuel Macron estimé que l’ambition de former et promouvoir en France une génération d’imams et aussi d’intellectuels qui défendent un islam compatible avec les valeurs de la République est une “nécessité”, faisant observer que d’ici à six mois, le CFCM allait finaliser un travail qui consiste à labéliser des formations d’imams en France, assumer une responsabilité cultuelle en certifiant les imams, et écrire une charte dont le non-respect entraînera révocation des imams.
Il a en outre insisté sur nécessité d’enseigner davantage la langue arabe à l’école ou dans un périscolaire “que nous maîtrisons”, car juge-t-il, “quand nous ne l’enseignons pas à l’école ou dans un périscolaire qui est compatible avec les lois de la République, nous acceptons qu’il y ait plus de 60.000 jeunes aujourd’hui qui vont l’apprendre dans des associations qui leur proposent le pire ou qui sont manipulées par ceux que j’ai évoqués”.