Lutte antiterroriste: l’UE veut en apprendre davantage du Maroc

Les services antiterroristes nationaux sur le pied de guerre. 

Les services antiterroristes nationaux sur le pied de guerre. 

Revue de presseKiosque360. La pertinence de l’approche marocaine dans le domaine de la lutte contre le terrorisme s’impose sur le segment de la coopération internationale. L’UE en est consciente et convaincue. La voix de Bruxelles vient de le souligner. Les détails.

Le 05/12/2019 à 19h21

En matière de lutte contre le terrorisme, l’Espagne met dans l’embarras l’Union européenne (UE), en louant constamment le rôle joué par le Maroc dans ce sens. La reconnaissance espagnole n’est pas fortuite, mais basée sur des arguments solides, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce vendredi 6 décembre. Et de préciser que l’intervention marocaine en matière de renseignement a permis au voisin ibérique d’éviter plusieurs attentats terroristes. Le dernier en date est le démantèlement mercredi dernier d’une cellule terroriste partisane de Daech composée de quatre membres.

Suite à ce démantèlement, Madrid a mis en exergue l’excellente coopération «entre ses services de sécurité et leurs homologues marocains». «Cette opération conjointe met en évidence l’excellente coopération entre la Direction générale de l’information de la Police nationale, le Centre national d’intelligence (CNI) et la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) du Royaume du Maroc», a souligné le ministère espagnol de l’Intérieur dans un communiqué publié après l’annonce de cette opération qui a permis d'arrêter 3 individus au Maroc et le chef de cette cellule dans la banlieue de Madrid. «Cette opération a permis la neutralisation d’une grave menace qui pesait sur les deux pays», a fait observer le ministère.

Ce n’est pas la première reconnaissance du rôle du Maroc par l’Espagne dans ce domaine. En effet, rappelle le quotidien, cette coopération remonte aux années 2003 et 2004, quand les deux pays étaient ciblés par des attentats terroristes. Et en 2017, Madrid a fortement formulé le souhait d’approfondir la coopération sécuritaire avec Rabat, suite aux attentats ayant secoué Barcelone. Cet historique, souligne le quotidien, montre que même si le Maroc a gelé sa coopération dans ce domaine avec l’UE en raison des positions de ses institutions, Rabat a maintenu sa coopération bilatérale avec des pays européens.

Ce constat a été dressé par des médias espagnols qui ont fait savoir que le Maroc a préservé sa coopération avec des pays, notamment l’Espagne, la France et la Belgique dans le domaine sécuritaire. Cela est intervenu après la déclaration de Gilles de Kerchove, coordinateur de la lutte contre le terrorisme à l'Union européenne (UE), qui a qualifié la coopération antiterroriste UE-Maroc de «gelée», lors d'une récente conférence tenue à Bruxelles. «Depuis plus de quatre ans, nous ne collaborons plus avec le Maroc dans le domaine de l’échange d’informations ni dans la lutte contre le terrorisme, les relations étant presque gelées en raison des décisions prises par la Cour européenne sur les accords de pêche et agricole», a indiqué Kerchove». Le responsable européen faisait allusion aux décisions touchant le dossier du Sahara marocain.

Et le quotidien de souligner qu’en termes de coopération sécuritaire et du renseignement avec la France, l’Espagne ou la Belgique, le Maroc a imposé son modèle de gestion des risques et de lutte contre le terrorisme. Par son approche pertinente dans ce domaine, le Maroc est désormais estimé pour la pertinence de son approche. C’est pour cela que des pays européens ont conclu des accords de coopération sécuritaire avec Rabat, surtout que des informations fournies par les services de sécurité marocains à leurs homologues européens ont permis à ces pays d’éviter des catastrophes.

Quand les relations franco-marocaines étaient tendues en raison des chantages et pressions des partenaires de l’Hexagone, le Maroc n’a pas hésité à fournir à la France des informations qui lui avaient permis d’éviter des bains de sang. A cette époque, l’ancien président français, François Hollande a reconnu et loué le geste de Rabat, appelant les siens à remettre le train de la coopération bilatérale sur ses rails. En 2016, rappelle encore le quotidien, l’ancien ministre français de l’Intérieur a déclaré que les mises en garde du Maroc ont permis à la France de démanteler des réseaux terroristes qui projetaient des attentats à Strasbourg et Marseille. L’Espagne, poursuit le quotidien, qui a loué mercredi dernier l’approche marocaine et sa coopération sécuritaire, sait pertinemment le nombre de cellules terroristes mises hors d’état de nuire grâce aux informations fournies par le Maroc.

C’est dans ce cadre que l’Espagne a rendu hommage au patron du pôle sécuritaire DGSN-DGST, Abdellatif Hammouchi, en lui attribuant la Grande croix de l'Ordre du mérite de la Garde civile espagnole. Cette nouvelle récompense a été présentée et décidée sur une proposition du ministère espagnol de l'Intérieur, en reconnaissance du mérite de Hammouchi, dans le chapitre de la coopération sécuritaire exemplaire entre les royaumes du Maroc et de l'Espagne.

Le signal a été capté par Gilles de Kerchove, coordinateur de la lutte contre le terrorisme à l'Union européenne (UE), qui a souligné les compétences du royaume dans la lutte contre le terrorisme. Et de préciser que les services de sécurité marocains jouissent d’une excellente réputation en matière de stratégie de lutte contre le terrorisme, la radicalisation et l’extrémisme, formulant le souhait de reprendre la coopération sécuritaire avec le Maroc. «Nous avons beaucoup à apprendre du Maroc dans ce domaine», a-t-il formulé. Après cette reconnaissance, l’Union européenne rectifiera-elle le tir pour baliser la voie à une coopération gagnant-gagnant dans tous les domaines?

Par Mohamed Younsi
Le 05/12/2019 à 19h21