Entre le Maroc et l’Otan, c’est une coopération qui dure depuis 1995. Elle a tellement évolué, au long de ces trois dernières décennies, que le Maroc est considéré aujourd’hui par cette organisation comme «allié majeur» et «partenaire stratégique clé». Cela au point que lors de la dernière édition de l’exercice militaire maroco-américain, African Lion, qui vient de prendre fin, l’Otan a tenu à participer pour la première fois. Cela conforte la position dont jouit aujourd’hui le Maroc parmi une vingtaine d’États alliés et non membres de l’Otan, relève l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du vendredi 1er juillet.
Les membres de l’alliance, réunis récemment pour leur 32e Sommet à Madrid, ont adopté un nouveau concept stratégique. Un concept dans lequel il est clairement spécifié que la Russie représente aujourd’hui la menace la plus dangereuse et la plus directe, et que les politiques de la Chine mettent également en cause ses intérêts et sa sécurité.
En quoi donc tout cela concerne-t-il le Maroc? Justement, soutient l’éditorialiste de l’hebdomadaire, «en sus du sujet incontournable, la guerre en Ukraine, un autre dossier subsidiaire s’est invité dans les discussions, parce que lui aussi s’avère important, urgent et éminemment sécuritaire, à savoir la question migratoire».
Les incidents qui se sont d’ailleurs produits dernièrement à Melilla sont venus rappeler aux responsables européens, mais aussi aux autres membres de l’Otan, «l’importance d’un maillon appelé Maroc dans la chaîne censée endiguer les flux de migrants qui prennent d’assaut les côtes européennes». C’est d’ailleurs l’Espagne, pays hôte de ce Sommet, qui a farouchement défendu l’idée que le menace ne vient pas uniquement de l’Est, comme la Russie en donne l’exemple aujourd’hui, mais également du Sud.
Surtout, et ces évènements l’ont d’ailleurs clairement montré, lorsque la carte de l’émigration est utilisée comme arme politique. Cela au même titre d’ailleurs que l’énergie, comme le note l’hebdomadaire, puisque de nombreux pays membres ont subi de plein fouet les conséquences de l’utilisation du gaz comme arme politique dans les relations entre les États.
Ces deux composantes de la sécurité globale de l’alliance, et particulière de l’UE, ont d’ailleurs occupé une place importance dans la déclaration finale du Sommet de Madrid. «L’instabilité observée au-delà de nos frontières favorise aussi la migration irrégulière et la traite des êtres humains.
Dans ce contexte, nous avons pris une série de décisions», déclarent les membres de l’alliance pour affirmer, un peu plus loin, qu’ils se sont engagés à renforcer leur sécurité énergétique. Dans un cas comme dans l’autre, le Maroc, en lequel l’alliance voit, du reste, un pays doté de vastes ressources stratégiques, est à la fois un rempart contre le risque migratoire et, en termes d’énergie, un futur trait d’union entre les riches gisements gaziers d’Afrique, du Nigeria en l’occurrence, et le marché européen.
Par ailleurs, relève l’hebdomadaire, en termes de politiques publiques et de doctrine diplomatique, les choix du Maroc cadrent parfaitement avec la nouvelle doctrine de l’Otan. L’approche à 360 degrés, adoptée par l’alliance, définit ainsi les trois tâches fondamentales de l’Otan: la dissuasion et la défense, la prévention et la gestion des crises et la sécurité coopérative.
Le rôle de l’Otan dans la lutte contre le terrorisme fait aussi partie intégrante de cette approche. Le changement climatique est également l’un des plus grands défis auxquels l’alliance fait face. Ce sont aussi des préoccupations majeures dans nos politiques publiques et dans nos rapports avec nos partenaires africains et du monde entier, souligne l’hebdomadaire. En outre, l'Otan a également décidé de mettre en œuvre un ambitieux programme «Femmes, paix et sécurité». Là encore, c’est un triptyque qui nous interpelle directement.
Pour toutes ces raisons et pour bien d’autres, conclut l’hebdomadaire, le Maroc est concerné par le nouvel agenda de l’Otan, tout comme ce dernier accorde une place importante dans le sien au Royaume.