Loi-cadre sur l’enseignement: le PJD joue ses dernières cartouches à la Chambre des conseillers

DR

Revue de presseKiosque360. Le groupe du PJD à la Chambre des Conseillers a commencé ses manœuvres pour que la loi-cadre ne soit pas adoptée pendant cette session. En essayant de reporter son adoption jusqu’à la session d’octobre, Chikhi et Hamieddine veulent venger leur maître à penser, le virevoltant Benkirane.

Le 24/07/2019 à 21h13

Le groupe du PJD à la Chambre des conseillers a commencé à s’échauffer dans la perspective de reporter les discussions sur la loi-cadre sur l’enseignement jusqu’à l’ouverture de la prochaine année législative, prévue pour le deuxième vendredi du mois d’octobre. Selon des sources autorisées, ce sont Nabil Chikhi, le président du groupe islamiste, et Abdelali Hamieddine, le président de la commission de l’éducation, qui conduisent ces manœuvres. Les deux compères affichent une opposition farouche à l’adoption de la loi-cadre avant la fin de la session du printemps actuel pour venger, dit-on, leur maître à penser, Abdelilah Benkirane. 

Les dirigeants du PJD ont fait savoir au président de la Chambre des conseillers, Hakim Benchemass, qu’ils n’étaient pas prêts à valider ce projet au cours de cette session. Le quotidien Al Akhbar rapporte, dans son édition du jeudi 25 juillet, que les deux conseillers considèrent que la précipitation dans la procédure législative ne sert pas la loi, ni l’image de l’institution. Les mêmes sources indiquent que le Secrétariat général du gouvernement et le ministère de l’éducation nationale font pression pour que cette loi passe avant le départ pour les vacances, et ce sans le soutien du ministère chargé des relations avec le Parlement.

Il faut rappeler que les tractations et les débats sur le projet de loi-cadre n°51.17 relatif au système de l'éducation ont pris plus de 11 mois avant que les choses ne se décantent. Le Conseil des ministres présidé par le roi Mohammed VI l’avait approuvé, pourtant, le 20 août 2018. Le projet de loi sera gelé pendant plusieurs semaines au Parlement, avant que la commission de la culture et de la communication ne l'adopte le mardi 16 juillet. Il avait auparavant été validé par consensus par tous les groupes parlementaires, avant que le PJD ne fasse volte-face et bloque sa transmission vers la Chambre des représentants. 

La loi-cadre sera finalement adoptée le lundi 22 juillet à la majorité des membres par la Chambre des représentants. Mais cette adoption n’a pas pour autant calmé les esprits, notamment ceux des faucons du parti islamiste, avec à leur tête le virevoltant Abdelilah Benkirane. Ce dernier a repris ses «prêches incendiaires» en partageant, sur les réseaux sociaux, une vidéo dans laquelle il rejette l’adoption de la loi-cadre et tire sur tout le monde, y compris son propre parti: “C’est une erreur grave, c’est une trahison des principes du parti. Je ne peux pas garder le silence, c’est une violation de la référence islamique du parti que d’abandonner la langue arabe au profit du français”. 

Il s’en prend vivement au chef du gouvernement Saâd-Eddine El Othmani, auquel il réitère son «conseil» de démissionner: «Il doit quitter le gouvernement dans lequel il n’a plus rien à faire, car sa légitimité vient de prendre fin». Benkirane, qui est dans tous ses états, ne lâche pas prise et harangue ses militants, notamment la jeunesse du parti, pour qu’elle fasse partir le chef du gouvernement et patron du PJD. Benkirane joue aujourd'hui sa dernière cartouche en essayant de bloquer la loi-cadre à la Chambre des conseillers via ses deux disciples, Nabil Chikhi et Abdelali Hamieddine.

Par Hassan Benadad
Le 24/07/2019 à 21h13