Plusieurs jours se sont écoulés depuis la tenue des élections professionnelles. Les départements concernés, à savoir le ministère du Travail, le ministère chargé de la Fonction publique et le département de l'Energie et des mines n'ont pas encore annoncé les résultats définitifs. Les élections des représentants des salariés et des membres des commissions paritaires se sont déroulées, rappelons-le, le 16 juin dans le public et entre le 10 et le 20 dans le secteur privé.
N'empêche, depuis la publication des résultats partiels par certains départements ministériels et par les collectivités territoriales, l'état-major du PJD et de son bras syndical, l'UNTM, est en situation de crise. Et pour cause, la débâcle électorale du syndicat islamiste, qui n'est plus à mettre en doute, augure sinon d'une défaite électorale le 8 septembre prochain, du moins d'une chute de popularité spectaculaire du PJD, commente l’hebdomadaire La Vie éco dans son édition du 25 juin.
On l'a vu, que ce soit dans l'Enseignement, la Santé, la Justice ou les Finances et surtout dans les collectivités territoriales, l'UNTM a non seulement subi une défaite cuisante, mais il a perdu le titre de syndicat représentatif. Du coup, et c'est l'une des premières conséquences de cette débâcle électorale, la centrale et ses syndicats sectoriels n'ont plus aucune chance de faire partie des négociations lors des prochains rounds du dialogue social, affirme l’hebdomadaire. De même, la représentativité du syndicat à la deuxième Chambre sera nettement réduite, voire inexistante.
En situation normale, il ne devrait pas forcément y avoir de corrélation entre les élections professionnelles et les échéances électorales locales, régionales et législatives. Or, nous ne sommes pas face à une situation normale. Le PJD et son syndicat sont indissociables. C'est donc contre le PJD et ses politiques impopulaires que les électeurs ont voté, souligne La Vie éco. Concrètement, dans l’Enseignement, l’UNTM n’a remporté que 27 sièges, soit à peine un peu plus de 5%. Le syndicat islamiste enregistre le plus fort taux de recul par rapport aux élections de 2015. Il est passé de 100 sièges, la deuxième place en 2015, à seulement 27 et une sixième place le 16 juin, soit une régression de... 73%.
Notons au passage que le taux de participation avoisine les 60%, ce qui veut dire que trois fonctionnaires sur cinq ont voté. Dans le secteur de la Santé, le syndicat islamiste n’a pas fait mieux, l’UNTM, arrivé 7e, avec seulement 28 sièges (5,4%), n’a pas atteint, là non plus, le seuil qui en fera un syndicat représentatif. Dans les collectivités territoriales, la chute a été encore plus dure, relève l’hebdomadaire. En 2015, le bras syndical du PJD a été classé quatrième (262 sièges, soit 6,37%). Six ans plus tard, le 16 juin dernier, il est passé à la sixième place avec seulement 107 sièges, soit 2,85%.
Aux Finances, les islamistes réalisent une piètre prestation avec seulement 10 sièges sur 290, soit à peine 3,45%. Enfin, à la Justice, les islamistes sont arrivés seconds, cette fois, juste derrière la FDT, affidée à l’USFP. Sauf que l’UNTM n’a obtenu que 37 sièges des 373 à pourvoir, soit 9% contre 14% en 2015.
En nombre d’effectifs de fonctionnaires, ce sont les principaux départements ministériels qui comptent. Et ils ont tous rejeté les candidats islamistes, constate l’hebdomadaire. C’est donc la classe moyenne qui sanctionne aujourd’hui le parti islamiste. Cette même «classe moyenne» que le PJD s’est targué d’avoir conquise lors des élections de 2015 et 2016. Le parti islamiste en a longtemps fait sa fierté. Pour ce parti, la classe moyenne a voté pour lui. Et, qui plus est, il s’agit d’un «vote politique». Ses électeurs se sont donc exprimés pour son programme et non pour ses candidats. Ce qui, d'après lui, lui conférerait une légitimité politique qui le situe au-dessus de la mêlée.
Les résultats des élections professionnelles dans la fonction publique ont montré également que le parti islamiste n’a finalement pas réussi à «infiltrer» tous les rouages de l’Administration. En dix ans au pouvoir, relève La Vie éco, il a pu placer des dizaines, pour ne pas dire des centaines, de ces cadres aux postes clés des différentes administrations et ministères, mais cela ne lui a pas suffi à assurer son emprise sur la fonction publique. Or, avec les résultats récoltés par son syndicat, il est évident que le PJD vient de perdre un réservoir électoral appréciable. Nous parlons quand même d’une assiette électorale estimée à 1,5 million d’électeurs qui va certainement peser sur les échéances du 8 septembre.