Le nouvel organe qui règlementera, dorénavant, la gouvernance de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH) a procédé à l’éviction des présidents de commune de la présidence des comités locaux. Les élus ont été remplacés par les présidents des zones urbaines, les pachas, les caids et les présidents d’arrondissement. Cette restructuration se produit treize ans après le lancement de l’INDH en mai 2005. Ce sont désormais les cadres du ministère de l’Intérieur qui sont exclusivement chargés de gérer les éventuels projets pouvant bénéficier de l’apport de l’INDH.
Il faut toutefois noter que ces projets répondent aux objectifs tracés par la troisième phase, qui s’articulent autour de la cohésion sociale et économique des jeunes ainsi que de la consolidation de l’Initiative en tant que mécanisme de solidarité avec les générations montantes. La nouvelle formule prévoit «la suppression des comités locaux et provinciaux actuels et leur reconstitution selon le nouveau format mis en place». Les équipes d’action qui étaient composées de conseillers communaux et de certains fonctionnaires communaux, ont été elles aussi supprimées.
Cette décision a suscité l’ire des élus représentant les partis politiques qui ont dénoncé ce qu’ils appellent «une exclusion systématique en totale contradiction avec la philosophie générale de l’Initiative». Le wali chargé de la coordination nationale de l’INDH, Mohamed Dardouri, a été confronté à cette même réaction des élus et des conseillers lors d’une rencontre régionale à Casablanca en décembre dernier.
Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du samedi 5 janvier, que contrairement aux attaques virulentes des politiques, les acteurs associatifs ont apprécié ce changement fondamental dans la composition des commissions. Ils considèrent que cette exclusion est un «moyen efficace pour mettre fin à l’exploitation politique de l’INDH».
Comme le confirme Youssef Hamana de l’arrondissement Youssoufia de Rabat qui jubile en affirmant: «En tant qu’acteurs associatifs, nous allons garantir la neutralité du pouvoir représenté par les cadres de l’Intérieur. Nous allons collaborer avec eux en toute sérénité, loin des calculs politiques mesquins dans lesquels versaient les élus ou les conseillers politiques. Ces derniers ont souvent fait de l’INDH un objectif électoraliste pour servir leurs partisans, souvent aux dépens des projets de leurs adversaires politiques, voire à l’encontre de simples citoyens apolitiques».
Dans sa troisième phase, la nouvelle formule de l’INDH prévoit «la création au niveau de l’arrondissement territorial d’un seul comité local de l’INDH composé de toutes les communes sous son autorité. Elle est présidée, en milieu urbain, par le pacha, et dans les zones rurales, par le chef de l’arrondissement. Ledit comité est constitué par les caïds, les présidents des communes concernées, les représentants des associations et les chefs des services extérieurs de cet arrondissement. Le comité est subdivisé en commissions présidées par les caïds dont la mission est d’émettre des propositions et d’élaborer des rapports qu’elles doivent transmettre au comité local». Le comité provincial est quant à lui présidé par les gouverneurs et comprend les chefs d’arrondissement, le chef du conseil provincial, les représentants des organes politiques dans la province et les chefs de services provinciaux.
Le wali chargé de la coordination de l’INDH, Mohamed Dardouri, a entamé des rencontres régionales pour expliquer les objectifs de la troisième phase qu’il a entamée à Oujda, Casablanca et Rabat. Au cours de ces rencontres, le wali a exposé la vision de la troisième phase (2019/2023). Une approche qui vise à protéger la dignité, à améliorer les conditions de vie des personnes ciblées et à franchir les obstacles qui se dressent devant l’INDH durant toutes ses étapes de vie. Elle tend aussi à «l’amélioration des revenus, à l’intégration économique des jeunes et au développement humain des générations montantes par l’adoption de mécanismes de développement de l’enfant et des jeunes».
Lors de chaque rencontre, le wali Dardouri a tenu à rappeler les quatre nouveaux principes de la gouvernance sur lesquels sera basé l’INDH durant sa troisième étape. Il s’agit de la mobilisation et de l’adhésion des associations, de la population, des élus ainsi que des administrations afin de créer une culture commune de la réalisation et de l’efficience. Celle-là même qui garantit une bonne gouvernance territoriale et la convergence des différentes interventions sectorielles ainsi que le suivi des projets à travers un outil de gestion intégré.