Le juge d’instruction renvoie le dossier du maire de Marrakech, Mohamed Larbi Belcaid, et de son premier vice-président, Younes Benslimane, devant la chambre des crimes financiers près le tribunal de Marrakech. Les deux politiciens devront y répondre des accusations qui leur sont adressées dans le cadre d’une affaire de dilapidation de fonds publics lors de la COP22 qu’a abritée la ville ocre en 2016.
Dans son numéro du vendredi 29 janvier, Al Akhbar rappelle que le juge d’instruction avait déjà entendu le maire PJDiste et son second après que le parquet a décidé de les poursuivre pour des soupçons de fraude en lien avec des marchés publics, ainsi que pour l’exercice d’une fonction régie par la loi sans en remplir les conditions nécessaires. Ceci fait suite à la découverte par les enquêteurs de la police judiciaire de l’attribution par la mairie de marchés publics à des sociétés dont le vice-président, Younes Benslimane, était actionnaire et dont il aurait lui-même signé l'acte d’attribution.
Face à ces révélations, ajoute Al Akhbar, le parquet avait déposé une requête visant à intégrer les éléments découverts lors du premier dossier ouvert contre le maire et qui faisait suite à une plainte d’une association qui l’accusait de dysfonctionnements dans des marchés octroyés par la ville pour un montant global de plus de 280 millions de dirhams.
Selon les éléments recueillis par le quotidien, le parlementaire Younes Benslimane avait expliqué au juge d’instruction avoir été mandaté, par écrit, par le président de la commune urbaine, Mohamed Larbi Belcaid, afin de passer les marchés relatifs aux préparatifs de la COP-22, puisque la vice-présidente chargée des marchés publics était absente à cette époque. C’est ainsi qu’il a eu à gérer la passation de 49 marchés pour un montant dépassant les 221 millions de dirhams. D'après lui, cela faisait suite à des directives qu’aurait données à l’époque le wali de la région afin d’accélérer les préparatifs de la COP-22. C’est ce qui expliquerait, toujours selon lui, que ces marchés n’aient pas fait l’objet d’un appel d’offres et qu’ils aient été conclus de gré à gré.
Par ailleurs, Al Akhbar précise également que plus d’une centaine d’entrepreneurs s’étant vu attribuer des marchés de la ville à la même époque ont été entendus lors de l’instruction de cette affaire. Il en est de même pour l’architecte responsable des travaux publics et quatre fonctionnaires du conseil de la ville.
Pour rappel, l’affaire du maire et de son premier conseiller a éclaté suite à une plainte déposée par l’Association marocaine de défense des droits de l’homme qui avait saisi par une citation directe le procureur du Roi près la cour d’appel de Marrakech au sujet des dilapidations de deniers publics qui avaient entaché certains marchés publics attribués en marge de l’organisation par la ville ocre de la COP22.