Il y a un an, les élections du 8 septembre

Aziz Akhannouch, président du RNI, votant dans le quartier de Founty à Agadir, le 8 septembre 2021.  . Mhand Oubarka

Revue de presseKiosque360. Le triple scrutin du 8 septembre est historique de par son organisation et ses résultats. Il aura permis de fermer définitivement et démocratiquement la parenthèse islamiste. Un cas unique dans la région. Cet article est une revue de presse tirée de l’hebdomadaire La Vie éco.

Le 02/09/2022 à 20h43

A la même époque l’année dernière, nous étions en pleine campagne électorale. Personne ne se doutait que le Maroc allait vivre l’un des évènements majeurs de ces deux dernières décennies. Citant un analyste politique de la place, La Vie éco confirme, dans son édition du vendredi 2 septembre, qu’en plus de l’adoption d’une nouvelle Constitution, le Maroc a connu durant ces vingt dernières années deux moments majeurs: les élections de 2011 et celles de 2021. 

Il y a un an, le Royaume a organisé des élections historiques, et «c’est le mot», précise l’hebdomadaire, qui a rappelé qu’il s’agit d’abord d’une prouesse en termes d’organisation et de logistique. Faire élire le même jour 395 députés, 678 conseillers régionaux et plus de 32.000 élus communaux dans un contexte de pandémie, et donc d’obligation de respecter les règles de sécurité sanitaire, n’est pas une mince affaire. 

Ces élections sont aussi historiques pour leurs résultats. Trois partis politiques, le RNI, le PAM et l’Istiqlal, ont raflé près de 70% des sièges à la première Chambre, dans les régions et dans les communes. Ce sont les mêmes qui ont formé plus tard, la majorité gouvernementale, et les bureaux dirigeants dans les régions et dans l’écrasante majorité des communes. Là encore, c’est une expérience inédite.

Plusieurs mois plus tard, à l’occasion des élections partielles, les électeurs ont confirmé leur choix d’il y a un an, en donnant à nouveau leurs voix aux mêmes partis. La Cour constitutionnelle a, en effet, invalidé l’élection de 17 députés, sur un total de 395, soit moins de 5%, précise l’hebdomadaire. Très peu, si l’on se réfère au nombre considérable d’accusations d’achat de voix, de pressions sur les électeurs et de non-neutralité de l’Administration, entre autres torts, émanant principalement du PJD, propagées au lendemain de ces élections. Cela d’autant que plusieurs députés se sont vu invalider leur siège pour violation de l’état d’urgence sanitaire. Encore une première qui fait, en même temps, jurisprudence.

Le triple scrutin du 8 septembre 2021 n’est pas que cela. En 2011, dans un contexte régional bouillonnant et au lendemain d’une réforme constitutionnelle, les élections législatives ont porté au pouvoir les islamistes du PJD. En 2021, et pour la première et unique fois dans la région MENA, ce même parti a été éjecté sans ménagement du pouvoir de la même manière, à l’issue d’élections démocratiques, libres et transparentes. Il ne s’agit pas seulement d’une débâcle électorale, mais d’un rejet franc et sans appel de «l’islamisme politique», tranche l’hebdomadaire. C’est la fin d’un cycle. Un cycle dont les débuts remontent à 1972, lorsqu’après deux tentatives de coup d’État, feu Hassan II a commencé à appeler dans ses discours à l’islamisation de la société. 

Pour comprendre réellement ce qui s’est passé le 8 septembre, l’hebdomadaire tente une comparaison. En Algérie, en 1991, alors que les islamistes du FIS sortaient triomphant du premier tour des premières élections démocratique et libres qu'ait connu ce pays, le pouvoir en place a décidé d'arrêter net le processus électoral. Il s’en est suivi une décennie noire, avec pas moins de 200.000 morts, des dizaines de milliers de réfugiés, des centaines de milliers de déplacés et une perte sèche de 20 milliards de dollars pour l’économie.

Plus récemment, en Égypte en 2012, il a fallu un coup d’État militaire déguisé en contre-révolution pour déloger les islamistes du pouvoir que le prétendu «Printemps arabe» avait porté au pouvoir une année plus tôt. Les Tunisiens ont attendu dix ans et un putsch mené par un président civil démocratiquement élu pour déloger, brutalement, les islamistes du pouvoir, même si pour cela il a fallu dissoudre le Parlement, changer de Constitution et mettre le pays entre les mains d’un dictateur. Ne parlons même pas du cas de la Libye, de la Syrie et du Yémen. Tout cela pour dire, conclut l’hebdomadaire, que le 8 septembre 2021, ce n’était finalement pas qu’un scrutin banal, mais bien plus.

Par Amyne Asmlal
Le 02/09/2022 à 20h43