Habitat économique: l’Intérieur sévit contre les spéculateurs

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Revue de presseKiosque360. L’enquête n’a pas été clôturée, mais l’Intérieur a déjà pu démasquer un réseau organisé comportant des élus, des agents de l’autorité, des fonctionnaires ainsi que des banquiers. Il a permis à des personnes non éligibles d’accéder à des logements de 140.000 dirhams.

Le 25/01/2019 à 19h23

L’habitat économique, subventionné par l’Etat et destiné aux couches sociales les plus défavorisées, s’est révélé une affaire financièrement juteuse pour les spéculateurs immobiliers. C’est, en fait, tout un réseau impliquant des agents de l’autorité, des élus locaux, des promoteurs immobiliers, des fonctionnaires des services des impôts et de la conservation foncière qui est impliqué dans cette affaire et que le ministre de l’Intérieur vient de démasquer. D’après le quotidien Assabah qui révèle cette affaire dans son édition du week-end des 26 et 27 janvier, une enquête est toujours en cours pour jeter la lumière sur toutes les facettes de ce «business».

Ainsi, et au stade où en est justement l’enquête menée par le ministère de l’Intérieur, l’inspection générale de l’administration territoriale (IGAT) a en effet reçu plusieurs rapports faisant état d’implication des agents de l’autorité dans la falsification de dossiers permettant aux personnes, légalement non éligibles, de bénéficier de ce genre de logement dont le prix est fixé par l’Etat à 140.000 DH. Les inspecteurs de l’Intérieur ont donc entrepris d’étudier les dossiers des bénéficiaires des programmes de logements économiques dans certaines communes, particulièrement celles qui relèvent des villes de Casablanca et de Marrakech. Et ils n’ont pas tardé à découvrir le pot aux roses.

C’est ainsi qu’ils sont tombés, dans certains dossiers, sur des rapports établis par des auxiliaires d’autorité, et monnayés par ces derniers, comporant des informations erronées. C’est ainsi par exemple que les enquêteurs ont pu apprendre que dans une commune proche de Casablanca, les «moqqadams» délivrent des certificats de résidence permettant de bénéficier de ces logements contre une somme de 6.000 DH. Les «caïd» ferment les yeux, eux aussi, contre une commission. Ce document est nécessaire pour devenir éligible mais galement pour pouvoir être servi en premier, une fois le programme livré par le promoteur.

En réalité, explique le journal, c’est tout un réseau impliquant des élus locaux qui servent d’intermédiaires, les auxiliaires et agents d’autorité qui délivrent des certificats attestant que les prétendants résident effectivement dans les communes concernées, des fonctionnaires de l’Administration des impôts et de la Conservation foncière sollicités, également, pour des documents exigés pour constituer le dossier afin de bénéficier de ce programme. Même les agents de certains établissements bancaires ont été impliqués dans ce réseau. Leur mission, à eux, étant de faciliter l’accès au crédit aux futurs acquéreurs. C’est pour ainsi dire un service « clé en main » qu’offre ce réseau. 

En poussant un peu plus loin leurs investigations, les inspecteurs de l’IGAT ont également découvert, poursuit le journal, que des proches des agents de l’autorité ont également bénéficié de ces logements. De même qu’une enquête sur le terrain leur a permis de constater qu’un nombre important de ces logements est soit inoccupé ou mis en location au noir. En y regardant de plus près, les inspecteurs se sont aperçus que les promoteurs chargés de construire ce genre de logements, en bénéficiant des incitations fiscales et du foncier public, ont également failli à leurs engagements envers l’Etat. 

Par Amyne Asmlal
Le 25/01/2019 à 19h23