« Dégage ! ». C’est une injonction que les candidats du PJD ont dû entendre beaucoup de fois lors de leur campagne électorale. Surtout dans les quartiers populaires et les quartiers périphériques des grandes villes, pourtant leur fief électoral. Même le chef du gouvernement sortant n’y a pas échappé. D’après Al Ahdath Al Maghribia qui rapporte l’information dans son édition du lundi 6 septembre, Saad Eddine El Othmani a été sévèrement rejeté par la population là où il va pour mener campagne pour son parti.
Des citoyens ordinaires ont demandé au chef du gouvernement et à son parti de «partir», écrit le quotidien. Pour le PJD, il s’agit, bien sûr, d’un «complot» ourdi contre son secrétaire général et les citoyens qui lui ont demandé de partir sont des «baltajis» (voyous, hommes de main à la solde de ses rivaux, ...). Ce n'est d’ailleurs pas propre au secrétaire général, mais plusieurs responsables du parti qui se sont portés candidats au scrutin du 8 septembre ont eu droit au même accueil qui leur a été réservé par les citoyens. En d’autres termes, relève le quotidien, c’est un week-end très difficile que les principaux candidats islamistes viennent de passer.
En plus du secrétaire général, Saad Eddine El Othmani, le président du conseil national Driss El Azami, le maire sortant de Meknès, Abdellah Bouanou et bien d’autres figures de proue du parti islamiste qui se présentent aussi bien pour les élections législatives que communales ou régionales, ont été littéralement conspués par les citoyens là où passe leur cortège électoral. En réaction à ce franc rejet de la population, certains membres de la campagne électorale du PJD ont dû en venir aux mains à plusieurs reprises.
«Dégagez ! Depuis dix ans que vous êtes au gouvernement et vous n’avez rien fait pour nous», les candidats islamistes ont dû entendre cette interjection dans les villes de Rabat, Fès et bien d’autres localités, souligne le quotidien. A chaque fois qu’un candidat, surtout parmi les responsables les plus connus du parti, descend de sa voiture et tente de faire quelques pas, une foule de citoyens les entourent mais pas pour les soutenir. Cette fois, c’est pour leur demander de quitter les lieux et, par la même occasion, les postes de responsabilités qu'ils occupent.
A bien des reprises, souligne le quotidien, les citoyens ont demandé clairement aux responsables du parti de ne même plus tenter de revenir aux postes de responsabilité. Ils ne veulent plus revivre la même expérience qu’en 2011 et en 2016. Bien sûr, les réseaux sociaux aidant, les mésaventures des candidats islamistes ont fait le tour, en images, des réseaux sociaux. Et même ceux qui n’étaient pas sur place ont pu voir de près, mais en déféré, comment les candidats islamistes ont fini par être rejetés par les habitants de leur circonscription.