Tel Janus, Saad-Eddine El Othmani semble avoir deux faces. Durant les jours ouvrables de la semaine, il s’affiche en chef de gouvernement rassembleur, pour lequel tout va bien dans le meilleur des mondes entre les différents partis composant l’actuelle majorité gouvernementale. Mais le weekend venu, il montre son autre visage, celui d’un chef de parti vindicatif à l’égard de ses partenaires au sein du gouvernement, même s’il dit par ailleurs que les partis signataires de la charte de la majorité se retrouveront dans les tout prochains jours pour aplanir leurs différends.
Les quotidiens Assabah et Akhbar Al Yaoum de ce lundi 18 février reviennent sur les dernières sorties du chef du gouvernement à l’issue de la tenue d’une réunion du Conseil national du Parti de la justice et du développement qu’il a présidée ce weekend.
El Othmani y a soulevé une nouvelle fois la récente crise gouvernement-commerçants, accusant une certaine presse d’en être à l'origine après avoir colporté la rumeur selon laquelle la facturation électronique allait être généralisée à tous les commerçants. Assabah précise que le SG du PJD a formellement nié que cette mesure concerne les petits commerçants, mais uniquement les seuls grossistes qui avaient l’habitude d’utiliser la facturation sur papier. Il a ainsi indirectement accusé le RNI d’être derrière cette rumeur et, partant, la récente grogne des commerçants. Il a reconnu (ou divulgué) que la généralisation de la facturation électronique a fait l’objet d’un «débat houleux» au sein du gouvernement, arguant que c’est le «PJD qui a refusé» qu’elle touche aux petits commerçants, contrairement «aux rumeurs véhiculées» par la presse.
Cette même presse est également accusée, selon le quotidien Akhbar Al Yaoum du 18 février, de faire une sélectivité «très partiale» entre les ministres du gouvernement. Tout en affirmant que ce dernier a à son actif d’importantes réalisations et avancées dans nombre de domaines, mais aussi des retards dans d’autres, El Othmani ajoute que ce bilan doit être considéré comme celui du gouvernement dans sa globalité. Or, se plaint-il, certains médias «ne parlent que du PJD quand ils abordent le rendement négatif du gouvernement, alors que le positif est attribué aux autres ministres et à leurs partis».
Concernant, les récentes sorties de son prédécesseur à la tête du gouvernement et du PJD, El Othmani a reconnu à Benkirane, comme tous les militants du parti, le droit de s’exprimer librement, mais à condition de respecter les institutions et de ne pas «divaguer» en portant atteinte à l’honneur de ses adversaires politiques.
S’adressant à ceux qu’il accuse de prôner «la dissolution du gouvernement, qui vient juste de boucler deux années», El Othmani a estimé que le train des réformes est en marche au Maroc, et que cette dynamique continuera avec ou sans le PJD, puisque c’est le roi qui en est l’initiateur.