Quinze millions de dirhams. C’est le montant que compte additionner le chef du gouvernement, Saâd-Eddine El Othmani, aux subventions octroyées annuellement aux syndicats les plus représentatifs. En effet, rapporte le quotidien Al Akhbar dans son édition de ce jeudi 8 novembre, la présentation du budget sectoriel de la primature, devant la commission des finances à la première Chambre du Parlement, révèle que le chef du gouvernement compte revoir à la hausse les subventions accordées chaque année à ces centrales syndicales.
A ce propos, précisent les sources du quotidien, cette subvention est répartie sur les centrales syndicales selon des critères définis par le premier article du décret d’application du code du travail. Ainsi, les subventions sont calculées selon le nombre de délégués obtenus par chaque syndicat lors des dernières élections professionnelles organisées à l’échelle nationale dans les secteurs public et privé. Les résultats des dernières élections ont d'ailleurs placé l’Union marocaine du travail (UMT) en tête du peloton, suivie de l’Union générale des travailleurs au Maroc (UGTM), proche du parti de l’Istiqlal (PI), de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), bras syndical du PJD, et de la Confédération démocratique du travail (CDT).
Des sources syndicales, non précisées par le quotidien, affirment que cette subvention accordée aux syndicats par le chef du gouvernement provient des caisses noires, dont le seul ordonnateur est le chef du gouvernement en personne. Et de préciser que les critères de répartition de cette subvention sur «les syndicats dits représentatifs» restent flous, puisque le code du travail auquel se réfère aujourd’hui le chef du gouvernement concerne uniquement le secteur privé et non pas les fonctionnaires du secteur public ni le domaine des collectivités locales. Bien plus, font remarquer les mêmes sources, «cette subvention s’apparente à la rente en l’absence d’une loi sur les syndicats définissant clairement les critères de subvention et de dépense, à l’instar des partis politiques».
Dans l’état actuel des choses, les dépenses des syndicats échappent au contrôle de la Cour des comptes, soulignent encore les mêmes sources. Ce qui pousse à croire, ajoute le quotidien, qu’il y aura «une transaction secrète entre le gouvernement et les centrales syndicales concernant la non-adoption de la loi sur les syndicats durant l’actuel mandat et sa non-programmation lors du dialogue social entamé entre les deux parties».
En plus de la non-adoption de la loi sur les syndicats, la transaction secrète porterait également sur «l’approbation de la loi sur la grève que réclame la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM)». D’ailleurs, ajoute le quotidien, le gouvernement a déjà validé le projet de loi sur la grève en conseil de gouvernement, avant sa mise dans le circuit législatif habituel du Parlement, sans aucune proposition concernant la loi sur les syndicats, en dépit des liens entre les deux lois. Ce faisant, estime le quotidien, le gouvernement a agi en faveur du patronat, laissant les syndicats dans l’expectative.