Après le discours du trône, dans lequel le souverain a insisté sur la nécessité de booster le dialogue social, les syndicats appellent Saad-Eddine El Othmani à adopter une nouvelle approche dans les négociations. Selon eux, le gouvernement doit traiter, d’une autre façon, les revendications des organisations syndicales s’il veut trouver des solutions aux problèmes qui ne cessent de s’accumuler. Un dirigeant de la CDT critique vivement la méthodologie avec laquelle le gouvernement gère le dialogue social en la qualifiant de stérile et inefficace.
Dans une déclaration rapportée par notre confrère Al Ahdath Al Maghribia, dans son édition du mardi 13 août, le dirigeant syndical estime que «la manière de constituer les commissions du dialogue social est, en soi, un facteur d’échec puisqu’elle contribue à la dispersion des dossiers et à la perte du temps et de l’effort. Du coup, ces commissions sont dans l’incapacité de trouver des solutions aux problèmes posés».
Le dirigeant de la CDT réfute les accusations du conseiller du chef du gouvernement, Abdelhak Al Arabi, qui a imputé la responsabilité de l’échec du dialogue social au gouvernement. Il considère que «les négociations doivent être menées selon une nouvelle approche qui nécessite une volonté politique du gouvernement. Nous aspirons à un dialogue sérieux et responsable et non pas à un conclave où l’on parle pour parler sans résultat». Du coup, le syndicaliste s’appuie sur le discours du trône pour appeler Saad-Eddine El Othmani à se réunir avec les syndicats afin de «réfléchir sur un nouveau format de négociations plus efficace que celles adoptées jusqu’ici».
Le dirigeant syndical demande au chef du gouvernement de suivre l’exemple des expériences réussies dans l’institutionnalisation du dialogue social à l’instar de la Tunisie et de la France. La seule façon, explique-t-il, de trouver de véritables solutions aux problèmes posés et de satisfaire les revendications des travailleurs. «Nous sommes prêts à revenir à la table des négociations car nous ne sommes pas accrocs aux protestations», ajoute-t-il en faisant allusion à la série des manifestations organisées par les centrales syndicales durant l’année en cours.
Mais au moment où les syndicats appellent l’Exécutif à renouer avec le dialogue, sous une nouvelle forme, le conseiller du chef du gouvernement, Abdelhak El Arabi, a contrattaqué: «Il faut que les syndicats assouplissent leur position». Tout en révélant que «lors du dialogue marathonien de mars et d’avril, le désaccord a opposé les syndicats au patronat et non pas le gouvernement aux centrales syndicales.» Et de préciser que «le gouvernement a consenti beaucoup d’efforts pour avancer dans le dialogue social en proposant deux offres. Malheureusement, la position des syndicats n’a pas évolué. Voire, ils ont placé la barre encore plus haut en faisant des revendications dont le coût ne peut être supporté par le budget de l’Etat dans le contexte actuel».
Ce que refuse le dirigeant de la CDT, qui considère les propositions du gouvernement comme étant très en deçà des aspirations des travailleurs, en rappelant que «ce sont le gouvernement et le patronat qui ont durci leurs positions quand les syndicats ont évoqué l’amélioration des revenus des salariés. Et c’est bel et bien ce point qui fut à l’origine de l’échec des négociations». Et de se demander si après des années de vaches maigres, la classe ouvrière ne mérite pas de recevoir des compensations pour les sacrifices qu’elle a consentis en ajoutant: «Nous refusons que le gouvernement se cache derrière la conjoncture économique pour justifier son refus d’augmenter les salaires».
Il faut rappeler que le roi Mohammed VI avait, dans le discours du trône, appelé le gouvernement à se réunir avec les syndicats en affirmant: «Je le dis au gouvernement: le dialogue social est un devoir et une nécessité; il convient de l’instaurer et de le maintenir dans la durée et sans aucune interruption. Et Je lui dis également qu’il doit rencontrer régulièrement les syndicats et communiquer constamment avec eux, indépendamment de l’issue éventuelle de ce dialogue».