Les tentatives du gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani de reprendre le dialogue social avec les syndicats se sont avérées vaines. Trois mois après la dernière réunion qui avait rassemblé tous les partenaires sociaux, l’Exécutif n’a pas réussi à trouver un terrain d’entente avec les quatre centrales syndicales qui boycottent le dialogue social.
Le secrétaire général de l’UMT, Miloudi Moukharik, a d'ailleurs adressé des critiques acerbes au gouvernement à propos de sa politique économique, contenue dans la loi de Finances 2019. Lors d’une réunion avec l’Union des syndicats de Rabat, dimanche 11 novembre, il a déclaré que «les mesures gouvernementales figurant dans la loi de Finances 2019 sont impopulaires et ne servent aucunement la classe ouvrière». Et le syndicaliste d'ajouter que l’offre du gouvernement dans son volet social «ne répond pas aux aspirations des travailleurs et que les syndicats ne peuvent accepter une offre aussi faible ne prenant pas en compte les conditions sociales des salariés et des ouvriers», rapporte le quotidien Al Akhbar, dans son édition du mardi 13 novembre.
Dans une déclaration à la presse à la fin de cette réunion, Moukharik a révélé que le gouvernement avait promis d’améliorer son offre. Mais il n’a pas tenu sa promesse lors du dernier round où l'on devait, en principe, discuter des revendications syndicales. «C’est pour cela qu’on l’a boycotté», indique-t-il, avant d’ajouter que «le gouvernement cherche à supprimer la stabilité dans la fonction publique en installant la précarité et les emplois contractuels». Moukharik critique ainsi ce qu’il appelle «la tendance du gouvernement à réduire le pouvoir d’achat du peuple marocain en l’absence de toute surveillance ou de contrôle». Et le syndicaliste d’affirmer que «la politique économique du gouvernement repose sur l’appauvrissement des pauvres et l’enrichissement des riches».
Autant dire que la reprise du dialogue social devient de plus en plus aléatoire, les syndicats considérant toujours que «le gouvernement essaye de faire passer des décisions qui ne servent pas les intérêts de la classe ouvrière». Du coup, ils refusent de revenir à la table des négociations tant que les cahiers revendicatifs et les requêtes adressées au gouvernement avant le début du dialogue social ne seront pas pris en compte. Les syndicats accusent d'ailleurs le gouvernement de mettre les bâtons dans les roues du dialogue social en proposant des augmentations de salaire ridicules.