Deux membres du gouvernement issus du PJD sont actuellement au centre d’une polémique, pour ne pas dire d'un scandale social. Ironie du sort, ce sont les ministres du Travail et le ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme qui sont accusés d’avoir bafoué les droits sociaux de leurs propres salariés. Depuis plusieurs jours, l’ancien ministre de la Justice et actuel ministre d’Etat chargé des droits de l’Homme et des relations avec le Parlement et la société civile, Mustapha Ramid, est dans l’embarras. Une ancienne secrétaire de son cabinet sis à Casablanca, aujourd’hui décédée, n’a jamais été déclarée à la CNSS alors qu’elle a travaillé pour lui pendant plus de 20 ans, écrit le quotidien Al Akhbar dans son édition du lundi 22 juin.
Aujourd’hui, poursuit le quotidien, c’est un autre ministre du PJD, Mohamed Amekraz, ministre du Travail et de l’insertion professionnelle, qui se retrouve aussi dans l’œil du cyclone. Lui non plus n’a jamais déclaré à la Caisse sociale un employé, Brahim D., qui travaille dans son cabinet d’avocat, à Agadir, depuis plusieurs années. C’est le cas également, précise le quotidien, d’une salariée qui avait travaillé pour lui entre 2009 et 2010, avant de quitter son poste et revenir, en 2016, travailler dans son cabinet pour un salaire de 1.500 dirhams.
Le comble, c’est qu’en sa qualité de ministre du Travail, Mohamed Amekraz préside le conseil d’administration de la CNSS! C’est également lui qui, en tant que titulaire du département du Travail et de l’insertion professionnelle,veille à l’application par les employeurs des dispositions du Code du travail, souligne le quotidien. Et c’est justement à ce titre qu’il a adressé il y a quelques jours, devant la commission des affaires sociales à la Chambre des conseillers, des critiques virulentes aux employeurs qui rechignent à respecter la législation du travail. En effet, lors de la séance de mercredi dernier, le ministre a évoqué avec insistance la déclaration des employés à la CNSS, menaçant de lourdes sanctions les employeurs qui refuseraient de déclarer leurs salariés. Constatant, à ce propos, que les sanctions prévues par la loi n'étaient pas assez coercitives, le ministre a fait part de son projet de réunir une commission formée des cadres du ministère et de la CNSS pour plancher sur une réforme de la loi, notamment pour durcir les sanctions et renforcer les attributions du corps d’inspection du travail.
Une attitude qui a valu au ministre une salve de reproches, même de la part de son propre parti. C’est ainsi qu’un jeune dirigeant du parti, installé en Allemagne, affirme que «celui qui ne respecte pas la justice sociale, dans son volet lié aux droits des travailleurs, n’a pas le droit d’exiger des autres de l’appliquer». Une déclaration qui lui a valu une invitation à démissionner. Pour ce jeune dirigeant cité par le quotidien, cette «campagne» contre le ministre Mustapha Ramid, avocat et juriste de carrière, n’aurait pas eu lieu s’il s’était conformé à la loi. Un homme d’Etat qui ne respecte pas les lois en vigueur doit démissionner, poursuit le jeune dirigeant islamiste. Il doit donner l’exemple. Après, il pourra toujours se consacrer à la politique, militer dans son parti pour la justice sociale et dénoncer tous ceux qui auront combattu la loi relative à l’enrichissement illégitime...