C’est un appel qui risque de faire du bruit durant les prochains mois. Des parlementaires de la chambre des Conseillers souhaitent que 725 établissements et entreprises publics soient audités, afin de mettre un terme à des dysfonctionnements. C’est ce que rapporte Assabah dans son numéro du 26 mai, citant des sources siégeant à la deuxième chambre et approchées en marge d’une séance dédiée aux discussions au sujet du budget général.
Selon ces dernières, les établissements et entreprises publics réalisent plus de 236 milliards de dirhams de chiffre d’affaires, alors qu’ils ne reversent à l’Etat que 27 milliards de dirhams, auxquels s’ajoutent les 6 milliards récoltés au titre des impôts. Pour beaucoup, ces chiffres sont loin d’être satisfaisants. Et pour les Conseillers consultés par le journal, dont font d’ailleurs partie d’anciens ministres très au fait de la chose publique, cela est dû à la manière dont fonctionnent ces entités.
Beaucoup d’entre elles ont des modèles opératoires traditionnels, marqués par une prédominance de la bureaucratie inadaptée au contexte actuel.
Le quotidien ajoute que sont également pointés du doigt les écarts dans les rémunérations des dirigeants, ceux de certains établissements et entreprises publics touchant des salaires mirobolants, sans être confrontés à aucune évaluation de leur rendement.
Le dernier rapport sur ces entités fait également état d’un fort taux d’endettement chez certaines d’entre elles, avec un total de plus de 440 milliards de dirhams de dettes enregistrées. Certaines propositions avaient déjà été faites par le passé concernant la gestion de ces établissements. Assabah rappelle celle exprimée par la Cour des comptes, qui avait appelé à la publication de lois autorisant la fusion de certains établissements, ou la suppression des filiales qui n’apportent aucune valeur ajoutée.
Dans le même registre, le journal rapporte que cette question avait aussi été évoquée lors d’une récente session parlementaire, notamment lorsque le Conseiller du PJD, Said Chakir, avait affirmé que certaines entités constituent un véritable gouffre financier, en absorbant des milliards de dirhams sous forme de subventions, souvent un cadeau offert à ceux qui les dirigent. Certaines estimations font même état de l’équivalent de 15% du PIB qui partent en fumée à cause de ces établissements.
C’est pourquoi le parlementaire a lancé un appel au gouvernement afin qu’il lutte contre les dysfonctionnements qui causent des pertes financières, quitte à dissoudre certains établissements ou leurs filiales s’ils ne créent pas de valeur pour l’Etat.
Par ailleurs, Assabah rappelle que le gouvernement a également été interpellé par des parlementaires qui souhaitent une accélération dans la réorganisation du secteur public, avec notamment le regroupement et la fusion d’établissements. Cet appel s’inscrit ainsi en ligne avec les recommandations faites par la Cour des comptes.