Lahcen Daoudi, le ministre chargé des Affaires générales du gouvernement, poursuit ses sorties médiatiques controversées. Dans une une récente déclaration, sur Medi1 TV, à propos de la gestion du gouvernement de la campagne de boycott, le ministre minimise les effets de cette campagne sur les deux autres sociétés touchées, à savoir Afriquia et Les Eaux minérales d’Oulmès, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition du lundi 4 juin.
Le ministre affirme notamment que ces deux sociétés «continuent à écouler leurs produits sans problèmes, ce qui n’est pas le cas pour le lait». Une déclaration qui, une fois encore, n’a pas manqué de lui attirer moult critiques et d'écorcher, par la même occasion, son parti, le PJD.Mais, indique le journal, le ministre a laissé entendre que le gouvernement était prêt à encaisser toutes les critiques des citoyens, pourvu que cela n’ait pas d’effet sur les sociétés et le tissu économique.
L’Exécutif, assure-t-il, n’est pas en train de défendre les sociétés touchées par cette campagne, mais se soucie plutôt de la situation actuelle et de l’avenir d’un demi-million de personnes qui tirent une grande partie, sinon la totalité, de leurs revenus de la filière laitière et sont directement liées aux activités de Centrale Danone. Par ailleurs, le ministre a tenu à présenter, de nouveau, les excuses du gouvernement pour, notamment, "le lapsus" du ministre de l’Economie et des finances, qui avait qualifié de « Madawikh » (étourdis, écervelés) les boycotteurs.
En outre, affirme Al Massae, alors que les ministres PJD sont envoyés au front pour affronter les boycotteurs, le ministre de l’Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, s’active, lui, en coulisses. Il a ainsi tenu, vendredi dernier, une réunion avec les professionnels du secteur laitier pour étudier l’impact de cette campagne sur la filière et, surtout, les retombées de la décision de Centrale Danone de réduire de 30% ses approvisionnements chez les producteurs et de licencier près de 900 ouvriers.
Cette réunion, explique le journal, a eu lieu sur une demande de la Fédération interprofessionnelle du lait (FIRMLAIT) pour étudier la situation dangereuse dans laquelle ont brusquement été mis les éleveurs et les petits producteurs laitiers. Les professionnels ont exprimé, lors de cette réunion, «leurs vives inquiétudes et leur détresse face à cette situation et exposé les difficultés vécues sur le terrain par les éleveurs, paysans et producteurs de lait pour l’écoulement de leur production, depuis la réduction par Centrale Danone de 30% de sa collecte de lait dans toutes les régions où elle opère », rapporte le quotidien. Ils ont également souligné «l’impact dévastateur de cette perturbation de la chaîne de production sur les éleveurs ». Cette campagne de boycott a, en effet, compromis leurs revenus, leur capacité à rembourser leurs dettes et maintenir leurs investissements. Ce qui risque d’avoir pour conséquence une baisse des revenus de toute la filière.
En outre, les membres de la FIRMALAIT ont mis en avant l’impact social et économique certain des dérives liées au circuit de l’informel, notamment le colportage. Les professionnels ont ainsi rappelé tous les risques qu’une commercialisation par le circuit informel représente pour la santé du consommateur, à cause notamment de l’absence de traitement approprié du lait, ce qui représente un facteur majeur de transmission de maladies.