L’Espagne a reçu des mises en garde américaines contre les dangers qui la guettent en matière de sécurité si la crise avec le Maroc perdurait. C’est ce qui ressort de la rencontre du ministre de l’Intérieur espagnol Fernando Grande-Marlaskaa avec le secrétaire d’Etat américain à la sécurité intérieure Alejandro Mayorkas.
Le quotidien Assabah rapporte, dans son édition du week-end (26 et 27 juin), que le ministre espagnol a été contraint de révéler que son gouvernement travaille discrètement mais avec la force nécessaire afin de rétablir les relations importantes avec un pays ami (le Maroc, ndlr). Lors d’une conférence de presse, le ministre de l’Intérieur espagnol s’est engagé à adhérer fortement aux efforts de lutte internationale contre le terrorisme dirigé par les Etats- Unis.
Le responsable espagnol a indiqué avoir fait part au secrétaire d’Etat américain du fait que le déferlement des migrants à Sebta, en mai dernier, n’était pas seulement une crise migratoire. Son département, poursuit-il, a agi tout seul face à cet évènement bien que cette crise relève de la responsabilité de différents ministères et administrations espagnols. Le ministre pointe ainsi du doigt les erreurs commises dans le traitement du dossier du chef des milices du Polisario entré en Espagne avec de faux papiers d’identité.
Le quotidien Assabah rapporte que les experts en sécurité espagnols avaient alerté le président du gouvernement, Pedro Sanchez, sur les conséquences du gel des relations avec les services de renseignement marocains. Des avertissements qui arrivent à un moment où le niveau d'alerte du dispositif espagnol de lutte contre le terrorisme passe à l’orange prévoyant ainsi un danger grave et imminent en Espagne. C’est d’ailleurs le niveau maximum d’un risque imminent d’attentat instauré sur l’ensemble de l’Espagne depuis juin 2015.
Des sources sécuritaires de haut rang n’ont pas hésité à déclarer au journal Okdiaro que le transfert du chef des separatistes dans l’hôpital de Logrono était une erreur qui pourrait aggraver la pression sur les mesures sécuritaires. Du coup, ajoutent-elles, la rupture des contacts avec les services de renseignement marocain sur des sujets comme la surveillance des cellules jihadistes constitue un danger qui menace aussi bien l’Espagne que l’Europe. Les mêmes sources policières ont rappelé que les services de renseignement marocains maitrisent les informations qui leur parviennent de la part des agents infiltrés dans les mosquées et dans les milieux jihadistes.
Du coup, les experts de sécurité espagnols mettent en garde contre l’erreur monumentale qui a découlé d’une crise similaire qui avait impacté gravement les relations entre le Maroc et la France en 2014. Il ne faut pas oublier que le directeur général de la DGSN et de la DGST, Abdellatif Hammouchi, a été décoré du Grand-croix de l’Ordre du mérite de la Garde civile en reconnaissance des efforts du Maroc pour assurer la sécurité en Espagne et dans le monde, concluent les experts en sécurité espagnols.