C’est une véritable leçon de gestion et de bonne gouvernance que le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, est en train d’administrer aux présidents de communes et d’arrondissements. Il vient en effet de sortir une circulaire à l’adresse des walis et gouverneurs, leur enjoignant l’ordre d’être plus regardants dans la gestion des communes et arrondissements que certains élus, relevant de leur territoire, ont mis sens dessus dessous.
Grosso modo, cette circulaire impose aux conseils communaux et d’arrondissement de rationaliser leurs dépenses et de veiller à l’équilibre de leur budget. Cette injonction intervient, selon le quotidien Al Massae du mardi 8 octobre, suite à la dilapidation visible à l’œil nu des finances de certaines communes. En effet, quand les présidents de ces communes ne roulent pas en voitures de luxe, ils dilapident le budget communal en locations injustifiées de dizaines de voitures, voire en centaines de billets de voyages fictifs à l’intérieur ou à l’extérieur du Maroc.
De même, des séminaires et rencontres bidon, ainsi que des marchés fictifs de prétendus événementiels, sont régulièrement élaborés pour siphonner les finances locales. Et, comme si tout cela ne suffisait pas, les factures d’eau, d’électricité ou de carburant sont gonflées à satiété dans cette manœuvre de dilapidations à grande échelle.
Ainsi, les Walis et les gouverneurs ont été mis à contribution par la tutelle en vue d’intervenir directement auprès des élus locaux et les obliger à respecter les règles minimales de bonne gestion et de bonne gouvernance. Dans sa circulaire en ce sens, le ministre de l’Intérieur a exigé que tous les chantiers qui ont fait l’objet d’une signature en présence du roi soient prioritairement exécutés sans plus tarder, et ce quelle que soit l’entreprise (nationale ou étrangère) dont ces marchés relèvent, en total respect des lois sur l’expropriation pour utilité publique et en profitant en priorité de l’assiette foncière des communes.
De même, les budgets des communes doivent veiller à l’équilibre entre recettes et dépenses, rationaliser les dépenses de fonctionnement et celles liées à la dette et aux nombreux litiges judiciaires dans lesquels les communes sont le plus souvent condamnées à payer de lourds dommages et intérêts…
In fine, la circulaire de Laftit vient mettre à nu l’énorme déficit de formation en gestion administrative qui caractérise de nombreux élus, ce qui nécessite leur mise sous tutelle permanente des walis et gouverneurs, quand ils ne sont pas tout simplement mis à l’écart pour incompétence et pour sauvergarder les deniers publics.