L’affaire de corruption électorale, impliquant cinq conseillers communaux de la commune urbaine de Kénitra, s’est ébruitée suite à la plainte qu’une conseillère de la même commune avait déposée auprès du parquet général de la Cour d’appel de Kénitra.
Dans sa plainte, «l’élue plaignante a dénoncé les tentatives de corruption et de marchandage dont elle faisait l’objet de la part de Mohamed Talmoust, qui briguait le poste de président du Conseil municipal de la ville, en expliquant les détails de l’opération qui a commencé par l’intermédiaire d’une autre élue de la même commune», relaie Assabah de ce mardi 12 novembre.
Sur la base de cette plainte, ajoute le quotidien, «le procureur général du Roi près la Cour d’appel de Kénitra a auditionné la plaignante, avant de confier l’affaire à la brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ), qui a mené ses investigations dans la confidentialité la plus totale».
Cette enquête a rapidement permis l’arrestation du principal accusé, Mohamed Talmoust, en compagnie d’un autre conseiller et de trois autres élues, qui étaient séquestrés depuis quinze jours.
«Après avoir négocié avec les quatre membres du Conseil et leur avoir versé les montants, objet de la transaction, il leur a organisé un voyage forcé qui les a conduits d’Essaouira à Marrakech, en passant par Agadir, avant de regagner Kénitra, pour les installer dans un appartement qu’il possède dans la ville, loin des regards, en attendant le jour de l’élection du président, pour [qu’ils] votent en sa faveur», explique le quotidien, qui a pu consulter la plainte déposée par une élue.
C’est dans cet appartement que des éléments de la BNPJ, en coordination avec la plaignante, lui ont tendu un piège pour l’interpeller en flagrant délit, indique Assabah.
À l’origine de cette affaire, selon le quotidien, un contact noué par «l’élue intermédiaire avec la plaignante, pour lui proposer les services de Mohamed Talmoust, qui, lui a-t-elle expliqué, pourrait intervenir en vue de libérer son époux incarcéré et lui verser, en plus, un montant de 120.000 dirhams pour voter en sa faveur lors de l’élection du nouveau président».
La plaignante, qui coordonnait ses actions avec des éléments de la BNPJ, a rencontré Mohamed Talmoust, qui lui a remis des arrhes, une somme de 2.000 dirhams, l’invitant à rejoindre le groupe installé dans son appartement, pour recevoir par la suite le montant complet de la transaction, soit 120.000 dirhams.
Jeudi dernier, poursuit la même source, la plaignante s’est rendue à l’adresse qui lui avait été indiquée, accompagnée de sa mère, qui a quitté les lieux juste après avoir perçu le montant de cette transaction.
Quelques minutes plus tard, des éléments de la BNPJ ont débarqué pour surprendre les trois élues séquestrées.
La perquisition qui a été effectuée a permis de découvrir la carte nationale d’un quatrième élu, de même qu’une somme dont le montant s’élève à 180.000 dirhams, soit le reste des 300.000 dirhams qui avaient été retirés ce jour-là d’un compte bancaire.
L’enquête ayant été menée à son terme, les mis en cause ont été déférés devant le parquet général compétent, qui les a poursuivis pour «corruption» et «acceptation de cadeaux qui constituent un acte de corruption», en plus d’autres chefs d’accusation.