Que s’est-il passé pour que Lahbib Choubani, ministre chargé des Relations avec le Parlement et la société civile, s’absente du dernier Conseil de gouvernement ? Selon Akhbar Al Yaoum, daté de ce mardi 23 juillet, "le ministre s’est senti humilié lorsqu'il a relevé que l’ordre du jour de la réunion ministérielle comporte un point qui ne devait pas être discuté, à savoir la loi organique sur les commissions d'enquête parlementaires". Et de rappeler que le ministre PJDiste avait affirmé à quatre reprises à la Chambre des représentants que "le gouvernement n'allait pas présenter un projet législatif dans ce sens et qu'il préférait laisser cette initiative au Parlement".
De son côté, Al Ahdath Al Maghribiya précise que "le ministre avait même pris part aux travaux préliminaires de la commission parlementaire constituée pour étudier ledit projet" et dont une version du RNI avait été d'ailleurs soumise à la commission de la Justice. En définitive, "la décision d’adopter en conseil de gouvernement un texte qui concerne le Parlement sans en parler auparavant sous la Coupole a créé la surprise", poursuit le quotidien arabophone. Et d'ajouter : "Choubani n’avait d’autre choix que de ne pas prendre part aux travaux du Conseil du gouvernement en signe de protestation".
Le gouvernement Benkirane ne lâche rien !
Pour Al Massae, ce qui s’est produit témoigne d’une sorte de "favoritisme". Les textes soumis par le gouvernement seraient "favorisés" par rapport à ceux présentés par les parlementaires. Une pratique que pointe du doigt le quotidien qui tient à préciser dans son analyse que "c’est au Parlement -qui représente la voix du peuple- de soumettre et de discuter des lois qui devront par la suite être mises en application par le gouvernement". "Les élus auraient espéré que le gouvernement lâche un peu de lest à propos d’une loi qui les concerne directement", estime Les Eco. "Mais c’est sans compter sur un Exécutif qui s’accroche à ce qu’El Khalfi -porte parole du gouvernement- qualifie de droit constitutionnel et inaliénable à préparer et présenter une loi, même si le Parlement propose un texte identique", poursuit-il.
Qu’apporte alors le projet de loi organique adopté jeudi dernier ? Selon le quotidien économique, "le projet élargit les prérogatives de la commission d’enquête, qui ne se contente plus de rassembler les faits concernant une affaire, mais d’exiger des informations propres aux institutions concernées et de pouvoir transmettre les constats à la Cour constitutionnelle". Quand bien même ce projet de loi soit plus "pertinent" que celui sur lequel planchaient déjà les parlementaires, il faut bien reconnaître que le gouvernement a pris de court une institution constitutionnelle. Mal au point, l'Exécutif dirigé par le PJD cherche par tous les moyens de gagner quelques points quitte à décrédibiliser un ministre.