Les ministres PJD (Parti de la justice et du développement), dont la plupart officiaient auparavant sous le mandat de Abdelilah Benkirane, sont en froid avec ce dernier. En effet, explique le quotidien Akhbar Al Yaoum dans son édition de ce week-end des 3 et 4 juin, les ministres islamises naguère des habitués de la villa du quartier des Orangers, sont aujourd’hui peu enclins à rendre visite à Benkirane à son domicile. Et ce, contrairement aux nombreux militants du parti pour lesquels l’ancien chef du gouvernement a fixé un horaire de visite, entre les prières d’Al Asr et d’Al Maghrib, depuis son retour de la Omra.
Selon le journal, les visites des membres du gouvernement El Othmani à Benkirane se limitent aux quelques «occasions mondaines». Ainsi, ils ne l’ont revu qu’une fois depuis son retour de la Omra et, pour certains d’entre eux, pour lui présenter leurs condoléances pour la morte de son beau-frère, il y a quelques jours.
«Ils se sont détournés de lui du jour au lendemain, comme si de rien n’était», affirme le journal. Le seul ministre à avoir gardé des relations courtoises avec l’ancien chef de gouvernement est celui chargé des relations avec le Parlement et la société civile, Mustapha El Khalfi. Ce dernier, rapporte le journal, continue de lui rendre régulièrement visite.
Il faut dire qu’en dehors des visites à son domicile, les membres du gouvernement ont peu d’occasions de revoir le patron de leur parti. En effet, en tant que secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane, refuse toujours de réunir le secrétariat général dont la fréquence des réunions était hebdomadaire par le passé. Au sein de cet organe exécutif du parti, siègent, rappelons-le, tous les ministres qui en sont membres es qualité. La seule fois où le secrétariat général s’est réuni, depuis la nomination du nouveau gouvernement, il a été présidé par le secrétaire général-adjoint.
Par ailleurs, et en plus des répercussions de la nomination du nouveau gouvernement sur la situation interne du parti avec les dissensions que cela a suscité, il faut dire que parmi les motifs de ce froid entre les ministres PJD et le patron de leur parti, un projet d’amendement des statuts soutenu par ce dernier, qui les visent particulièrement. Lequel amendement empêche, en effet, les ministres de siéger de facto au secrétariat général. Dans son actuelle composition, le secrétariat général compte 12 ministres sur les 24 membres. Leur poids risque de faire pencher la balance, à chaque vote, du côté du nouveau chef du gouvernement.
