C’est un point à inscrire à son actif en tant que ministre chargé de la Réforme de l’administration et de la fonction publique. Mohamed Benabdelkader a, en effet, annulé tous les contrats qui liaient son département aux bureaux d’études et autres cabinets de conseil. Il n’a gardé que ceux qui sont vraiment indispensables à l’aboutissement de son plan de réforme. C’est ainsi que le «Plan national de la réforme de l’administration publique 2018-2021» est pratiquement fait maison, commente le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans sa livraison du jeudi 19 septembre.
D’après le quotidien, ce plan de réforme a ainsi été élaboré par les cadres et les compétences internes du ministère encadrés politiquement par le ministre, en concertation, bien sûr, avec différents acteurs et partenaires concernés. Selon Al Ahdath Al Maghribia, l’initiative du ministre de renoncer aux services des bureaux d’études et des cabinets de conseil verse dans le sens d’une mise en garde antérieure de la Cour des comptes. La juridiction financière avait, explique le quotidien, soulevé dans ses précédents rapports l’inutilité des études que les ministères ont l’habitude de commander.
Plusieurs départements, poursuit le journal citant la Cour des comptes, s’adressent régulièrement aux bureaux d’études, via des appels d’offres publics, pour réaliser pour leur compte des stratégies sectorielles ou élaborer, à leur demande, des programmes d’action. Cela, souligne le quotidien, au point que certaines décisions et mesures concernant les politiques publiques ne sont qu’un pâle écho des conclusions des travaux de ces bureaux d’études. Ces derniers ont, d’ailleurs, de plus en plus tendance à «vendre» des études et des stratégies toutes prêts aux institutions publiques. Ce qui fait que ces stratégies n’aboutissent presque jamais, les solutions miracles qu’elles proposent s’effondrant généralement une fois confrontées à la réalité du terrain.
Un constat, poursuit Al Ahdath Al Maghribia, qui a encore une fois été relevé par le dernier rapport de la Cour des comptes. Les magistrats de la Cour ont, en effet, repéré des carences dans des études techniques commandées notamment par des ministres de l’ancien gouvernement. Ils ont, de même, pu mettre le doigt sur certaines études payées au prix fort et commandées à des bureaux d’études de renom, sans s’assurer d’abord de leur utilité ni mettre en œuvre, même après leur réalisation, leurs recommandations.
Par ailleurs, rappelons qu’en décembre dernier, la presse avait parlé de la véritable «rente politique» que constituent les bureaux d’études, une découverte faite à l’occasion d’un contrôle de routine effectué par la Cour des comptes. Les magistrats de la Cour avaient découvert également que des bureaux d’études montés par des ex-ministres et d’anciens parlementaires bénéficiaient particulièrement de la manne que représente ce «business », en s’accaparant des marchés publics avec des budgets conséquents.
C’est ainsi, avait rapporté la presse, que les enquêteurs de la Cour des comptes ont pu découvrir que certains de ces bureaux parvenaient à rafler la majorité des marchés publics émis par les administrations et les établissements publics et portant sur des études. En creusant un peu plus, les magistrats-enquêteurs ont été surpris d’apprendre que la plupart de ces bureaux appartenaient à d'anciens ministres et parlementaires qui, en usant de leur influence et de leurs entrées dans l’Administration, ont pu s’arracher l’essentiel des marchés publics en question.