Une bataille qui promet d'être chaude, à six mois des législatives d'octobre 2016, que celle qui vient de se déclencher entre le Parti Justice et développement, au pouvoir, et les salafistes du parti de l'ex-commissaire Mahmoud Archane, le Mouvement démocratique et social (MDS). L'étincelle qui a mis le feu aux poudres est née de la sortie tonitruante du chef du courant salafiste au sein du MDS, Abdelkrim Chadili, qui a déclaré que "jamais les salafistes n'auront autant souffert que sous le mandat d'Abdelilah Benkirane", rapporte Assabah dans son édition de ce vendredi 18 mars.
Accusation qui, à l'évidence, n'a pas été du goût des dirigeants du PJD et à laquelle Khaled Rahmouni, membre du secrétariat général du PJD, n'a pas manqué de répondre en ces termes: "En portant ces accusations, les salafistes semblent oublier qu'ils s'assoient aux côtés du pire bourreau qu'ait jamais connu le Maroc". L'allusion est ici faite à l'ex-commissaire Mahmoud Archane, pointé du doigt pour ses "actes tortionnaires" lors des tristement célèbres années de plomb.
Les dirigeants PJDistes enfoncent davantage le clou en accusant les salafistes de Mahmoud Archane de chercher à "transplanter" au Maroc l'expérience du Parti salafiste égyptien "Ennour", accusé à son tour d'avoir trahi les Frères musulmans du président égyptien déchu Mohamed Morsi.
Plus encore, les dirigeants du parti au pouvoir estiment qu'Abdelkrim Chadili, gracié dernièrement après avoir été condamné à trente ans de prison ferme au lendemain des attentats terroristes du 16 mai 2003, est "instrumentalisé par des parties autoritaristes" à la seule fin de discréditer leur parti à la veille des législatives d'octobre prochain.
Pour précision, et comme le relève Assabah, les salafistes avaient voté en masse en faveur du PJD lors des législatives de 2011. La sortie de Chadili, actuellement, pourrait impacter négativement le vote salafiste au profit des "frères" de Benkirane.
Seulement voilà, le chef du courant salafiste au sein du MDS, Abdelkrim Chadili, rejette en bloc ces accusations, précisant qu'il avait fait cette déclaration, au sujet de la "souffrance subie par ses frères sous le mandat de Benkirane", en tant que président de l'Association nationale de réinsertion, créée pour venir en aide aux salafistes graciés ou se trouvant encore en prison."Nous ne recevons d'ordre de personne et ne servons aucun agenda", a encore précisé Chadili, repoussant toute assimilation de son courant à celui du parti égyptien "Ennour".