Le parti de l’Istiqlal s’est enfin résigné à se soumettre aux remarques de la Cour des comptes, et s’est mis à restituer ses dépenses électorales non justifiées lors des scrutins de 2015 et 2016. Un montant record parmi les arriérés électoraux des partis politiques: 7,4 millions de dirhams, mais qui représente moins de 10% des subventions accordées, pour les élections communales et législatives, totalisant la somme de 75 millions de dirhams à ce parti désormais dans l'opposition, et ayant une balance comme emblème.
Nizar Baraka, qui a hérité de cette dette publique, a fini par concéder de la payer en trois traites annuelles. Un premier décaissement de 2,4 millions de dirhams a déjà été effectué le 29 juillet 2020, et deux autres versements sont prévus sur les deux prochaines années, pour un reliquat avoisinant encore les 4,9 millions.
Ces remboursements devraient alourdir les dépenses de la formation politique, qui ont connu une progression significative ces dernières années. L’équipe dirigée par Nizar Baraka a pu réduire de 25% les charges du personnel du plus ancien parti du Royaume, mais s’est montré dépensière en matière de déplacements, missions et autres organisation de réceptions, dont les charges ont augmenté de près de 2 millions de dirhams.
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Globalement, les frais de gestion de l’Istiqlal ont connu une augmentation de plus de 40% depuis 2017, pour se situer à hauteur de 15,4 millions de dirhams en 2019. Le parti a également trouvé les ressources financières pour se payer pour 3,8 millions de nouvelles immobilisations, portant ses dépenses globales à 19,2 millions de dirhams.
Pourtant, ses ressources ont baissé au cours des dernières années. La débâcle électorale du parti dans les législatives de 2016 lui a valu une réduction de la subvention publique accordée pour couvrir ses frais de gestion. Celle-ci est passée de 7,2 à 6,3 millions de dirhams entre 2016 et 2017, puisque le parti a perdu une vingtaine de sièges de députés.
Et ce n’est pas la seule source de revenu de l’Istiqlal, qui s’est réduite depuis le début de mandat de Nizar Baraka. Les cotisations des partisans, après avoir connu un pic à 3,2 millions de dirhams en 2017 (année de congrès oblige), se sont réduites à 2,2 millions de dirhams en 2018. Pis encore, aucun dirham de cotisation n’a été encaissé courant 2019. Mais gageons que les fidèles du parti fondé par Allal El Fassi se rachèteront courant 2021, sachant qu’il s’agit là d’une année exceptionnelle, avec l’organisation d’un double scrutin, et peut-être même d’un congrès national.
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Le parti compte aussi parmi ses ressources des revenus divers dépassant les 5,4 millions de dirhams. Une bonne partie de ce montant (3 millions) concerne des revenus de loyers, une rubrique qui ne devrait pas figurer dans les comptes de partis politiques, selon les auditeurs de la Cour des comptes. L’Istiqlal explique qu’il s’agit du nouveau siège du parti, confié à la société qu’il l’a construit pour le louer, afin de couvrir une partie de sa prestation.
Le plus vieux parti du Maroc reste aussi l'un des champions de la présentation de dépenses non justifiées. Chaque année, les magistrats de la Cour des comptes relèvent des anomalies dans la comptabilité de l’Istiqlal: les pièces justificatives manquantes entre 2018 et 2019 correspondent à un montant de près de 2,9 millions de dirhams.
Si, pour Nizar Baraka, le défi sur le plan politique sera de repositionner la formation comme un sérieux challenger, à même de prendre les commandes du gouvernement, sur le plan financier, il en aura pour longtemps avant de pouvoir assainir les comptes de l’Istiqlal. Rappelons que celui qui est le petit-fils de Allal El Fassi a pris les rênes du parti, suite au congrès de 2017. Un conclave aussi houleux que coûteux: 9,2 millions de dirhams avaient été dépensés pour ce congrès national, incluant sans doute des frais de dédommagement pour la vaisselle... qui avait servi de projectiles dans la bagarre entre les supporters de Nizar Baraka et ceux de Hamid Chabat. Folklorique.