Ahmed El Bouz: "Le PJD doit sa victoire moins à son bilan qu'aux erreurs des autres partis"

Ahmed El Bouz, politologue

Ahmed El Bouz, politologue . dr

Evoquant la victoire du PJD, Ahmed El Bouz, politologue, estime que ce parti a su mettre à profit les erreurs des autres partis, excepté le Parti authenticité et modernité, pour s'imposer en tant que première force politique au Maroc. Explications.

Le 08/10/2016 à 11h12

Le PJD persiste et signe. Tout comme en 2011, lors du premier scrutin législatif post-constitution 2011, il a donné la réplique et remporte une nouvelle victoire retentissante lors des législatives du 7 octobre 2016. Evoquant ce nouveau sacre islamiste, Ahmed El Bouz, politologue, a d'abord refusé dans une déclaration à Le360 de parler de "ras-de-marée islamiste", relevant que le score réalisé par le Parti authenticité et modernité (PAM), a contrario des autres formations politiques, ne peut en aucun cas être sous-estimé.

Il n'en demeure pas moins que ce nouveau sacre du PJD le confirme incontestablement comme la première force politique du pays. Le parti "à référentiel islamique", en dépit des mesures antipopulaires qu'il a prises tout au long de sa mandature à la tête du gouvernement sortant, a réalisé de nouvelles percées dans des villes comme Agadir, Rabat-Chellah, ou plus encore à Mohammédia. 

Face à ces nouvelles percées, surgit la question incontournable: quelle recette le PJD a-t-il pu faire valoir pour se maintenir comme première force politique au Maroc? "Le PJD tire sa force moins de son bilan à la tête du gouvernement sortant, faible pour ne pas dire médiocre, que de la faiblesse des autres partis, abstraction faite du Parti authenticité et modernité", explique Ahmed El Bouz. "Le PJD a su mettre à profit les erreurs commises par les partis opposés, la piètre réputation qu'ils ont aux yeux des citoyens et leur incapacité à faire le poids contre le PJD", décrypte Ahmed El Bouz.

Toutefois, la partie est encore loin d'être totatelement gagnée par le PJD. "Les résultats plus qu'honorables remportés par le Parti authenticité et modernité ne manqueront pas de comppliquer la tâche au PJD pour constituer le prochain gouvernement", avertit Ahmed El Bouz. Le PAM a déjà fait savoir, par la voix de son SG Ilyass El Omari, qu'il était exclu d'envisager une "alliance" avec le PJD. "Si maintenant d'autres partis, tels le Parti de l'Istiqlal, le Rassemblement national des indépendants (RNI), l'USFP, le Mouvement populaire (MP), ou encore l'Union constitutionnelle (UC), déclinent une éventuelle offre du PJD pour la constitution de la majorité et donc du prochain gouvernement, il est certain que l'on se dirigera vers une crise gouvernementale", fait constater le politologue. 

Par Ziad Alami
Le 08/10/2016 à 11h12