Abdelali Hamieddine, parlementaire du parti de la Justice et du développement (PJD) et premier vice-président de son conseil national, est officiellement dans le box des accusés dans l’affaire de l’assassinat de l’étudiant d’extrême gauche, Benaïssa Aït Eljid, au début des années quatre-vingt-dix, dans la cité universitaire Dahr Al Mahraz de Fès. En effet, rapporte le quotidien Al Massae dans son édition de ce mardi 11 décembre, le juge d’instruction près la Cour d’appel de Fès a décidé de poursuivre le parlementaire de la Lampe en état de liberté provisoire et de transférer l’affaire devant la chambre criminelle de la même Cour en première instance. La décision du juge d’instruction a été prise après l’achèvement de l’instruction du dossier, notamment l'audition du témoin principal dans cette affaire, qui a affirmé la présence et l’implication de Hamieddine dans les faits ayant provoqué la mort de Benaïssa Aït Eljid en 1993.
Les sources du quotidien précisent que le chef d’accusation retenu contre le parlementaire du PJD est la «participation à un homicide volontaire». Dans une déclaration au quotidien, Me Abdessamad El Idrissi, avocat de l’inculpé, donne un parfum politique à cette décision d’inculpation, déclarant qu’il s’agit d’une «politisation de l’affaire», tandis que l’avocat de la famille de la victime, Me Lahbib Haji, fait savoir que le dossier suit son cours normal puisque l’inculpation du parlementaire du PJD a toujours été évoquée.
Cette affaire est également abordée par le quotidien Assabah dans son édition du même jour. Rappelant les faits et l’instruction du dossier ayant abouti à cette inculpation du leader du PJD, le quotidien fait savoir que le parlementaire tombe sous le coup de l’article 128 du code pénal qui dispose que «sont considérés comme coauteurs tous ceux qui, personnellement, ont pris part à l’exécution matérielle de l’infraction». Ce qui s’applique d’ailleurs au cas de Hamieddine, laisse entendre le quotidien.A ce propos, les sources du quotidien rapportent que le témoin principal dans cette affaire, qui s’est présenté devant la justice à quatre-vingt reprises, a toujours affirmé et réaffirmé la présence et l’implication de Hamieddine dans le meurtre de l’étudiant.
«Le sang d’Aït Eljid traque Hamieddine» titre pour sa part le quotidien Al Ahdath Al Maghribia qui affirme, dans son édition du même jour, que le juge d’instruction près la Cour d’appel de Fès a clôturé ce dossier et décidé de poursuivre le leader du PJD après instruction de l’affaire et une confrontation entre l’accusé et le principal témoin dans l’affaire, El Khemmar EL Hadioui, qui a été auditionné auparavant pendant une heure.
Akhbar Al Yaoum se penche aussi sur cette affaire dans son édition du jour. Le quotidien, réputé proche de l’accusé, estime que «c’est une première» dans les annales de la justice marocaine que de «poursuivre quelqu'un dans une affaire déjà statuée par la justice». Dans une déclaration au quotidien, son avocat, Me Omar Haloui, manifeste son étonnement quant à cette inculpation, précisant que «cette poursuite reste inconcevable».
Dans le même sillage, le quotidien rapporte une lecture juridique de Mustapha Ramid qui a qualifié cette décision de «déraillement flagrant de la justice». Cette plaidoirie de Mustapha Ramid serait appuyée par Abdelilah Benkirane, ajoutent les sources du quotidien. L’affaire secoue aujourd’hui le PJD et met dans l’embarras son secrétaire général, Saâd-Eddine El Othmani.