"J'ai été très clair, si en effet il envahit l'Ukraine", il y aura des "conséquences économiques comme il n'en a jamais vu", a déclaré Joe Biden devant des journalistes à la Maison Blanche, au lendemain d'un entretien de deux heures avec le président russe, lequel a jugé que Moscou avait "le droit" de se défendre.
Si Joe Biden a pour l'heure écarté l'envoi de troupes américaines car Kiev n'est pas membre de l'Otan, la pression diplomatique s'accentue sur le Kremlin, accusé de masser des dizaines de milliers de soldats à la frontière avec l'Ukraine, en vue d'attaquer le pays.
A l'issue de son entretien téléphonique avec Volodymyr Zelensky, le président démocrate se concertera avec les dirigeants du "groupe des neuf de Bucarest", qui rassemble des pays d'Europe de l'Est membres de l'Otan, sur son échange avec son Vladimir Poutine et les craintes d'invasion de l'Ukraine.
Ce groupe comprend la Bulgarie, la République tchèque, l'Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie et la Slovaquie.
Kiev a reçu le soutien du nouveau chancelier allemand Olaf Scholz, qui a menacé mercredi de "conséquences" pour le gazoduc controversé Nord Stream 2 reliant la Russie à l'Allemagne en cas d'invasion.
"Notre position est très claire, nous voulons que l'inviolabilité des frontières soit respectée par tous", a-t-il déclaré dans sa première interview après sa prise de fonction, ci-dessous à partir de la minute 8:54:
La Maison Blanche n'a pas dit clairement si Joe Biden avait évoqué ce moyen de pression devant Vladimir Poutine, mais le conseiller pour la sécurité nationale, Jake Sullivan, a insisté sur cette option "absolument prioritaire".
Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le président du Conseil européen Charles Michel ont convenu mercredi, lors d'un appel, "de la nécessité d'imposer des sanctions rapides et sévères à la Russie" si l'escalade militaire s'intensifiait.
Le Royaume-Uni et la France ont aussi rejoint le concert de voix européennes appelant Vladimir Poutine à la retenue. A Paris, le ministère des Affaires étrangères a ainsi averti la Russie des "conséquences stratégiques et massives" qu'aurait une agression à l'encontre de l'Ukraine.
"Moyens de défense"De son côté, la Russie nie toute velléité belliqueuse envers son voisin, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014, mais s'oppose catégoriquement à l'adhésion de Kiev à l'Otan.
Vladimir Poutine a affirmé mercredi que Moscou avait "le droit de protéger sa sécurité", estimant que laisser l'Otan s'approcher de ses frontières sans réagir serait "criminel".
"Nous ne pouvons qu'être préoccupés par l'éventualité d'une admission de l'Ukraine au sein de l'Otan, car cela s'accompagnerait sans aucun doute d'un déploiement de contingents militaires, de bases et d'armements qui nous menacent", a-t-il ajouté.
Lors de son entretien avec l'hôte de la Maison Blanche, le chef de l'Etat russe a notamment demandé des "garanties juridiques sûres" qui empêcheraient l'Ukraine de rejoindre l'Otan.
A Washington, Joe Biden a jugé que "l'obligation sacrée" qui le lie aux pays de l'Alliance atlantique "ne s'étend pas à l'Ukraine", excluant pour l'instant une intervention militaire. Mais il a prévenu qu'une attaque russe en Ukraine entraînerait un renforcement de la présence militaire américaine sur les territoires des membres de l'Otan en Europe de l'Est.
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Le président américain a aussi "clairement indiqué à l'Ukraine" que, dans ce cas de figure, les Etats-Unis fourniraient des "moyens de défense".
L'Ukraine recevra déjà des "armes légères et des munitions", envoyées cette semaine dans le cadre d'un plan de soutien approuvé par Joe Biden, a annoncé mercredi le porte-parole du Pentagone, John Kirby.
Risque d'une nouvelle confrontationLe président ukrainien, qui appelle depuis plusieurs mois ses alliés occidentaux à le soutenir davantage, a jugé mercredi "positives" les discussions entre Joe Biden et Vladimir Poutine.
"Nous voyons maintenant une véritable réaction personnelle (...) du président Biden dans la résolution du conflit", s'est félicité Volodymyr Zelensky.
Les tensions réveillent le spectre d'une nouvelle confrontation militaire en Ukraine, pays pauvre d'Europe orientale déchiré depuis 2014 par une guerre entre Kiev et des séparatistes pro-russes dans l'est.
Kiev accuse la Russie de soutenir les séparatistes, ce que nie Moscou. Le conflit a fait plus de 13.000 morts.